Les députés du Parlement européen comme les membres du Conseil de l’Europe l’affirment, l’UE n’est pas en train de rehausser ses relations
avec Israël. C’est pourtant ce qui est arrivé entre juin et septembre 2012. Entre critiques de l’occupation israélienne, renforcement de ses
relations avec Israël et aide aux territoires palestiniens, l’UE mène une politique incohérente et infructueuse.
Pourtant l’UE avait donné certains espoirs en renforçant ses critiques à l’égard d’Israël : début 2012 les diplomates en poste à Jérusalem critiquaient durement dans un rapport la politique israélienne dans la ville, le 14 mai les ministres des Affaires étrangères exprimaient “une profonde préoccupation” devant les développements de la situation
sur le terrain et enfin en juin le Parlement européen appelait l’UE, dans une résolution du 5 juillet 2012 “sur la politique de l’Union européenne à l’égard de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est”, à lier davantage ses relations avec Israël au respect du droit international et du droit humanitaire.
Quelle crédibilité pour l’Union européenne ?
Pourtant, comme si ces prises de positions n’avaient pas de conséquences, le Conseil d’association UE-Israël approuvait le 24 juillet une liste de 60 nouvelles “activités concrètes dans plus de quinze domaines différents” renforçant davantage les rapports entre les deux parties. Quelle portée et crédibilité voulaient ainsi donner les dirigeants européens à leur politique dans la région en permettant à Israël de se rapprocher autant de l’UE, sans contrepartie ? L’UE se contredit mais surtout elle signifie à Israël que quelles que soient les critiques qu’elle exprime le “business as usual” se perpétuera. Il a fallu l’attaque israélienne contre Gaza en 2008 et ses plus de 1 400 victimes pour que l’UE accepte de geler le renforcement de sa coopération avec Israël. Le dégel est donc annoncé et a aussi touché le Parlement européen.
Première entrée d’Israël au sein du marché européen
La Commission du commerce international du Parlement européen (INTA) a donné son feu vert au protocole ACAA entre l’UE et
Israël. Cet accord représente une intensification importante des relations de l’Union européenne avec Israël, et marque une première entrée d’Israël au sein du marché unique, en prévoyant le libre accès de produits industriels sur le marché respectif des deux parties. Ce protocole comporte de sérieux défauts. Il n’existe pas en effet de garantie que cet accord ne concernera pas les produits des colonies israéliennes. Lors de son allocution devant la commission INTA le 3 juillet 2012, le commissaire De Gucht a échoué à donner des garanties suffisantes qui limiteraient le champ de compétence de l’autorité
certificatrice israélienne au territoire israélien reconnu internationalement. Cela signifie clairement qu’aussi longtemps que cette grave lacune juridique ne sera pas prise en compte, l’UE ne peut approuver l’ACAA. Le “business as usual” s’accommode mal du respect des droits de l’Homme. La politique de colonisation israélienne se poursuit et a quasiment fait disparaître la possibilité d’une solution à deux Etats. La politique européenne est non seulement infructueuse mais coûteuse. Chaque année 300 millions d’euros d’aide aux Territoires palestiniens sont dépensés par l’UE, qui en est le plus gros contributeur. L’intention se veut constructive mais lorsque 13 millions d’euros de l’UE sont affectés à des travaux d’amélioration du seul point de passage entre Israël et la bande de Gaza, l’UE aménage l’occupation plus qu’elle ne s’y oppose.
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