La famille Sabbagh sera bientôt expulsée du domicile où elle vit depuis plus de soixante ans dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, une partie de la ville annexée illégalement par Israël. Considéré comme une propriété juive avant la guerre israélo-arabe de 1948, le terrain a été racheté par une association de colons israéliens qui demande l’évacuation de ses habitants palestiniens : ils doivent quitter les lieux avant la mi-février. Une décision dénoncée par les chefs des missions diplomatiques de l’Union européenne en visite sur les lieux. Reportage.
C’est une habitation biscornue, en plein cœur du quartier de Sheikh Jarrah et qui abrite les 32 membres de la famille Sabbagh aujourd’hui menacée d’expulsion. Mais pour Muhammad pas question de partir. « Nous luttons de manière pacifique pour rester dans notre maison, nous n’allons pas partir », assure-t-il.
Le septuagénaire déroule son histoire devant des diplomates européens : la maison a été construite en 1956 pour reloger la famille Sabbagh, des réfugiés qui ont dû quitter leur domicile de Jaffa lors de la création de l’Etat d’Israël. Le terrain qui appartenait à une famille juive a été racheté depuis par une organisation de colons israéliens. Après des années de bataille devant les tribunaux, la justice a tranché : les habitants palestiniens doivent quitter les lieux à la mi-février.
Une mesure illégale selon Pierre Cochard, consul général de France à Jérusalem.
« Nous sommes ici dans un territoire occupé à Jérusalem-Est et le droit international interdit les transferts forcés des populations, souligne-t-il. Donc, nous sommes concernés par cette violation potentielle du droit international. Israël ne reconnaît pas bien sûr l’application, ici, des résolutions du Conseil de sécurité, cela ne nous empêche pas de réitérer notre position à ce sujet et d’insister pour qu’il soit respecté. » Le dernier appel déposé par la famille Sabbagh a été rejeté par la Cour suprême israélienne.
Une autre famille, la famille Shamasneh, avait été expulsée de son domicile de Sheikh Jarrah en septembre 2017.
Lire aussi l’article d’Al Jazeera sur le même sujet, traduit par l’AFPS.
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