Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

Un label « Made in Palestine » ?

12 octobre 2012 - Sébastien Hervieu - Le Monde

Au cours du mois écoulé, Jonathan Dockney et quelques dizaines de militants se sont rendus à plusieurs reprises dans une boutique de la chaîne sud-africaine de produits cosmétiques, Wellness Warehouse, dans la ville du Cap. Ils ont retiré des rayons les crèmes de la marque Ahava, entreprise israélienne dont une usine est implantée sur la rive nord de la mer Morte, située en Cisjordanie. « Ces produits importés des territoires palestiniens occupés par Israël ont un statut illégal », estime le secrétaire de l’organisation Open Shuhada Street, qui relaie une campagne de boycottage international, « l’objectif est de faire pression sur les distributeurs et ainsi d’isoler économiquement les colonies ».

Pour l’instant, la direction de l’enseigne n’a pas cédé face à ces actions spectaculaires mais rares. Si l’initiative ne rencontre pas un grand écho dans la population sud-africaine, d’ici quelques mois, le chaland pourrait lui-même constater l’origine controversée de son achat. Le 22 août, le gouvernement sud-africain a décidé d’apposer sur ces produits vendus par des entreprises israéliennes le label « Fabriqué dans les territoires palestiniens occupés » à la place du « Made in Israël ». Des boissons gazeuses et des produits frais - légumes et fruits - pourraient aussi être concernés.

La date d’apparition de ces étiquettes reste incertaine : des consultations publiques sont en cours et une organisation juive, la Fédération sioniste sud-africaine (SAZF), a porté plainte contre le gouvernement. Mais si la décision était appliquée, elle serait une première dans le monde. En août, le porte-parole du gouvernement avait précisé qu’elle était conforme à la ligne de l’Afrique du Sud, qui reconnaît les frontières de 1947 délimitées par l’ONU et ne reconnaît pas les territoires occupés au-delà de ces frontières comme faisant partie de l’Etat d’Israël.

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En juillet, le ministre adjoint aux affaires étrangères, Marius Fransman, avait justifié « ce coup de pouce symbolique » en rappelant que « les Palestiniens et leurs soutiens, inspirés par le boycottage économique de l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, cherchent depuis des années à imiter notre succès dans ce domaine ».

La diplomatie du gouvernement du Congrès national africain (ANC), qui a fait tomber il y a vingt ans le régime de la minorité blanche soutenu alors par Israël, milite pour le droit des Palestiniens à « un Etat indépendant et viable ».

Même si ces produits ne représentent qu’une fraction infime des échanges commerciaux, assez faibles, entre les deux pays, la décision a suscité l’ire des autorités israéliennes. « Elle est discriminante à l’égard d’un pays, alors qu’il y a beaucoup d’autres territoires disputés dans le reste du monde comme le Sahara occidental, les îles Malouines, dénonce Jeff Katz, du Conseil des représentants des Sud-Africains juifs (SAJBD). Un étiquetage doit avoir une vocation commerciale, pas une connotation politique, ce n’est pas acceptable ».

Le responsable propose que l’on inscrive seulement le nom de la ville d’origine ou le code postal. « Mais comment voulez-vous que l’acheteur sud-africain connaisse par coeur la carte d’Israël ? », rétorque Jonathan Dockney. « Ce label sera un immense pas pour forcer Israël à mettre fin à cette situation d’apartheid, juge le militant propalestinien. L’Afrique du Sud pourra ainsi montrer la voie à d’autres pays dans le monde. »


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