Alors que les pourparlers de paix au Proche-Orient semblent s’enliser, l’occupation de la Cisjordanie continue de diviser en Israël. Reportage à Hébron, plus grande ville palestinienne des Territoires où l’annexion israélienne suscite de vifs débats.
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Tandis que le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’emploie à faire progresser les pourparlers de paix au Proche-Orient, les Israéliens demeurent divisés sur l’occupation de la Cisjordanie, que la communauté internationale reconnaît comme faisant partie de la Palestine.
Le débat reste vif entre ceux qui, dans l’État hébreu, veulent que leur pays quitte la Cisjordanie et ceux qui souhaitent le contraire. Et c’est sans doute à Hébron, la plus grande ville palestinienne dans les Territoires, que les discussions sont les plus passionnées. Près de 180 000 Palestiniens y vivent, sous la surveillance de plusieurs centaines de soldats de Tsahal. Ces derniers sont chargés, entre autres, de protéger les quelque 850 colons juifs qui y sont installés
« Nous pensons que les juifs doivent rester ici, affirme David Wilder, porte-parole de la communauté juive d’Hébron. Et nous pensons que toute la Judée et Samarie, et surtout un endroit comme Hébron, doit être annexée par Israël. »
« C’était complètement fou »
À l’opposé, Yehuda Shaul, co-fondateur de l’organisation israélienne Breaking the Silence (Briser le silence), milite contre l’occupation de la Cisjordanie. Régulièrement, il accompagne des groupes dans les rues d’Hébron afin d’y dénoncer le comportement de l’armée israélienne, au sein de laquelle il a effectué son service militaire.
L’activiste raconte comment, dans certains quartiers de la ville, il a reçu l’ordre d’utiliser son lance-grenades lourd en direction d’habitations palestiniennes. « C’était complètement fou. Je pointais mon arme vers la cible, appuyais sur la gâchette et la relâchais le plus vite possible en priant pour que seul une petite quantité de grenades ait été tirée. Si vous appuyez sur la gâchette pendant une minute, 88 grenades seront tirées. C’est un lanceur très puissant », relate-t-il à son auditoire.
« Il y a toujours eu des voyous »
Les soldats, les colons, tous ceux qui sont dans les parages connaissent bien Yehuda Shaul et n’hésitent pas à se regrouper autour de lui pour le contredire. « D’après ce que je sais, aucun soldat israélien n’a jamais tiré à l’aveugle sur des Arabes avec l’intention de les tuer », lui objecte Levy Herzl, un touriste américain de passage à Hébron. « Le peuple juif pense comme moi. Malheureusement, ce sont nos adversaires qui ont le pouvoir en ce moment, et la presse est avec eux. Il y a toujours eu des voyous, Yehuda Shaul n’est pas le premier à faire ça », s’emporte un colon israélien d’Hébron.
Pour Esti, une Israélienne travaillant dans une ONG basée à Jérusalem, les récits de Yehuda Shaul renforcent au contraire son hostilité à l’égard de la colonisation : « Je trouve que cette idée d’un peuple qui vient ici pour imposer sa présence à un autre peuple, juste parce qu’il pense qu’il a des racines ici, et qui rend la vie des autres difficile, je ne comprends pas ça, je ne l’accepte pas ».
Yehuda Shaul termine la visite en exposant les périls qui, selon lui, guettent l’État hébreu s’il ne change pas sa politique en Cisjordanie. « Nous devons prendre une décision, dit-il. Soit nous vivons avec Israël, en Israël propre, avec légitimité et sans l’occupation. Ou nous continuons cette occupation qui mènera à la perte complète d’Israël. »
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