Pour les enfants palestiniens de la Cisjordanie occupée, 2016 a été l’année la plus mortelle de la décennie écoulée.
Trente-cinq (35) enfants palestiniens ont été tués par des militaires, policiers et civils armés israéliens au cours de l’année 2016, tous – sauf quatre – lors d’incidents mortels qui ont eu lieu en Cisjordanie. Ces enfants représentent un tiers exactement des 105 Palestiniens tués par les forces israéliennes en Cisjordanie et à Gaza au cours de cette même année 2016.
La plupart de ces enfants, mais certes pas tous, ont été tués au cours de ce qu’Israël prétend avoir été des agressions ou des tentatives d’agression, généralement contre des militaires des check-points de Cisjordanie.
Deux civils israéliens ont été tués, dans ces incidents, dont une fille de 13 ans qui a été poignardée dans sa chambre, dans une colonie de Cisjordanie. Ça fut le seul enfant israélien tué par un Palestinien durant l’année.
Mais, dans la grande majorité des prétendues agressions au cours desquelles un enfant palestinien a perdu la vie, aucun civil ou militaire israélien n’a été sérieusement blessé. Dans quelques rares cas, seules des blessures légères ont été mentionnées.
Dans plusieurs incidents, il se peut qu’il n’y ait pas eu de tentative d’agression quand un enfant palestinien a été abattu et tué. Amnesty International a demandé qu’une enquête soit ouverte sur l’un de ces incidents qui pourrait avoir été une exécution extrajudiciaire.
D’autres enfants ont été tués en se rendant à l’école ou en rentrant d’une baignade. D’autres ont été abattus alors qu’ils protestaient contre l’occupation. Un frère et une sœur ont été tués dans leur maison à Gaza au moment où leur quartier était la cible de frappes aériennes.
Comme le fait remarquer Defense for Children International – Palestine (DCIP), « il est extrêmement rare que l’on réclame des comptes aux forces israéliennes quand elles abattent des enfants palestiniens. Depuis 2014, un seul incident a donné suite à une condamnation. »
Le directeur du programme des plaintes du groupe, Ayed Abu Eqtaish, a déclaré : « Le recours à la violence dans l’intention de tuer est devenu habituel, de la part des forces israéliennes, même dans des situations où rien ne le justifie, et cela se fait impunément, faisant courir de plus en plus de risques aux enfants. »
DCIP a répertorié d’autres façons dont Israël a violé les droits des enfants palestiniens au cours de l’année.
Voici la liste des enfants palestiniens tués par les forces israéliennes en 2016 :
Ahmad, du village de Sair, dans le sud de la Cisjordanie occupée, a été tué par balles par les forces israéliennes après avoir prétendument poignardé et légèrement blessé un militaire dans les parages du carrefour de Gush Etzion, près de la ville de Hébron, le 5 janvier.
Le juge d’instruction de Hébron a déclaré que « l’autopsie suggérait qu’on avait laissé l’adolescent de 17 ans perdre son sang jusqu’à ce que mort s’ensuive et sans lui apporter le moindre traitement médical », a rapporté l’agence de presse Ma’an.
Ahmad a été enterré près de son ami et condisciple Mahmoud al-Shalalda, qui avait été abattu et tué par les forces israéliennes en novembre 2015.
Alaa al-Din Abd Muhammad al-Kawazba, 17 ans
Les forces israéliennes ont abattu et tué Alaa al-Din en même temps que deux de ses cousins adultes près du groupement de colonies israéliennes de Gush Etzion , au nord de Hébron, le 7 janvier. L’armée a prétendu que les trois jeunes étaient « armés de couteaux » et avaient tenté d’agresser des militaires. Aucun rapport ne parle de militaire blessé au cours de cet incident. Alaa al-Din était originaire du village de Sair, dans la zone de Hébron.
Khalil Muhammad Issa Wadi, 15 ans
Khalil a été tué par balles par les forces israéliennes après avoir prétendument tenté de poignarder un militaire à la jonction de Beit Hanoun, près de Hébron, le 7 janvier. Aucun Israélien n’a été déclaré blessé au cours de l’incident. Le frère adulte de l’adolescent, Mahmoud, avait également été abattu et tué par les forces israéliennes au même endroit, en novembre 2015.
À l’instar d’Ahmad al-Kawazba et d’Alaa al-Din Kawazba, Khalil était originaire du village de Sair, dans la zone de Hébron. Il était au moins le dixième résident de ce village a être abattu par les forces israéliennes depuis octobre 2015, y compris, en novembre 2015, l’exécution dans une chambre d’hôpital de Hébron d’Abdallah Azzam al-Shalalda et le meurtre du père handicapé d’un enfant en bas âge en décembre 2015.
Une enquête effectuée par le quotidien Haaretz de Tel-Aviv a établi qu’Adnan, du village de Shuyukh, avait été abattu et tué par des militaires israéliens à la jonction de Beit Hanoun, près de la ville cisjordanienne de Hébron, alors qu’il se rendait à son cours de physique, le 12 janvier.
Adnan s’était rendu à la jonction en taxi minibus, avait traversé la route et avait pris un second taxi minibus, quand un autre jeune était sorti précipitamment du véhicule en criant « Dieu est grand » et en brandissant un couteau ou une hachette, selon Haaretz.
Le jeune homme armé, Muhammad Kawazba, du village de Sair, avait été abattu et tué séance tenante. Le conducteur du véhicule d’où était sorti Kawazba « avait tenté d’éloigner son véhicule le plus vite possible, par crainte d’être abattu également », ajoutait Haaretz. « Les militaires, voyant le véhicule s’éloigner à toute vitesse, avaient ouvert le feu dans sa direction, bien qu’ils n’eussent aucune idée de qui se trouvait à l’intérieur. »
Le conducteur était parvenu à s’échapper à pied alors qu’Adnan, toujours à intérieur, avait été touché dans la partie supérieure droite de son corps et était décédé peu de temps après avoir été admis à l’hôpital.
Ruqayya a été abattue et tuée par un garde de la sécurité privée après avoir prétendument tenté de le poignarder dans la colonie d’Anatot, près de Jérusalem, le 23 janvier.
Un membre palestinien de la Knesset, le Parlement israélien, a condamné le meurtre de l’adolescente. « Même si elle avait eu un couteau, il aurait été possible d’arrêter une fille de son âge, au lieu de la tuer », a expliqué Esawi Frej, du parti Meretz.
Haaretz a rapporté que Ruqayya était morte d’une seule blessure par balle dans le cœur.
« Je n’ai aucune explication à propos de sa décision », a déclaré au journal le père de la fille. « Il y avait deux gardes sur place et ils auraient pu la maîtriser. Une petite fille. Ils sont entraînés et armés, vous savez. Comment se fait-il, dans ce cas, qu’ils n’ont pu arrêter une petite fille de 13 ans ? Une fille de 13 ans était-elle une menace, pour eux ? Quoi qu’elle ait eu l’intention de faire, ils auraient toujours pu l’arrêter. »
Ruqayya a été ensevelie au village d’al-Karmel, à l’est de la localité cisjordanienne de Yatta, près de Hébron.
Le 25 janvier, Hussein a été abattu et tué par un garde de la sécurité israélien dans un supermarché de la colonie de Beit Horon, près de la ville de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie.
Il a été tué en même temps qu’Ibrahim Usama Allan, 23 ans, après avoir poignardé deux femmes israéliennes ; l’une d’elles, Shlomit Krigman, 24 ans, est décédée le lendemain des suites de ses blessures. Les médias israéliens ont rapporté qu’Allan et Hussein ont été abattus pendant qu’ils couraient, ce qui suggère qu’il pourrait s’agir d’exécutions extrajudiciaires.
En avril, les forces israéliennes ont détruit la maison de la famille de Hussein à Qalandiya, un camp de réfugiés à proximité de la ville de Ramallah.
Les démolitions punitives de maisons, ainsi que d’autres actions de punition collective, sont considérées comme un crime de guerre par la Quatrième Convention de Genève.
Ahmad, du village de Kufr Jammal, a été tué par les forces israéliennes après avoir prétendument tenté de poignarder un soldat à proximité d’une colonie, dans la région de Tulkarem, en Cisjordanie, le 1er février. Il n’a pas été fait mention de soldat blessé.
« Selon les reportages de médias, il a traversé [le mur israélien en Cisjordanie] sans autorisation d’entrée et a été repéré par deux soldats qui ont tenté de l’appréhender. Il a ensuite brandi un couteau vers eux et a été abattu », a rapporté l’association israélienne pour les droits de l’homme, B’Tselem.
Haitham est décédé après avoir été frappé par deux balles tirées par des militaires près de l’entrée du village de Halhoul, à proximité de Hébron, le 5 février. L’armée a déclaré que l’adolescent s’apprêtait à jeter un cocktail Molotov vers les soldats au moment où il a été abattu.
« En dehors du jeune cousin de Haitham, Wajdi, qui était également dans sa classe et qui était avec lui quand il est mort, et hormis les soldats, il n’y a pas de témoins oculaires susceptibles de raconter ce qui s’est réellement passé et d’expliquer pourquoi Haitham a été abattu et tué », a rapporté le quotidien Haaretz de Tel-Aviv peu après les faits. « Wajdi a été arrêté sur les lieux et il est toujours incarcéré au camp d’Ofer, près de Ramallah. Il n’a pas droit à des visites. »
Omar Yousif Ismail Madi, 15 ans
Omar a été touché par une balle au moment où des militaires israéliens ont tiré sur des jeunes qui leur lançaient des pierres dans le camp de réfugiés d’Arroub, près de Hébron, le 9 février. Le juge d’instruction de la ville a déclaré à l’agence de presse Ma’an que le garçon « était mort après avoir reçu une seule balle qui lui était entrée dans le corps par le côté droit du tronc ». La balle « avait pénétré dans le foie et les reins de l’adolescent et s’était fragmentée avant de sortir du corps par le côté gauche de la cage thoracique ».
Nihad et Fuad ont été abattus et tués par les forces israéliennes après avoir prétendument ouvert le feu contre des soldats le 14 février. Aucun Israélien n’a été blessé au cours de cet incident qui a eu lieu près du village d’al-Araqa, près de la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Les secours médicaux palestiniens accourus sur place ont été empêchés d’apporter la moindre aide aux deux adolescents.
« Les militaires ont rapporté qu’un des Palestiniens était armé d’une arme artisanale et que l’autre avait un couteau », a commenté Haaretz. Les familles des garçons « ont farouchement nié les allégations de l’armée prétendant que les deux adolescents erraient sur les terres de la famille, adjacentes à la barrière construite par Israël en Cisjordanie », a ajouté le journal.
« Je connais les familles et les deux jeunes, ce ne sont pas des familles qui trafiquent des armes ou qui y ont accès », a déclaré à Haaretz un enseignant d’al-Araqa qui connaissait les deux adolescents. « Ce ne sont que des enfants et prétendre qu’ils ont tenté de leur tirer dessus semble hautement invraisemblable et c’est même incroyable. »
Naim a été abattu et tué après avoir prétendument tenté de poignarder un soldat israélien à un check-point au nord de la ville cisjordanienne de Bethléem, le 14 février. La police israélienne a déclaré aux médias que l’adolescent s’était approché des militaires un couteau à la main. Il n’a pas été fait état d’Israélien blessé au cours de l’incident. Naim venait du village voisin d’al-Ubediya.
Des militaires ont tiré sur Qusay après qu’il avait prétendument tenté d’en poignarder un au check-point de Beita près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, le 21 février. Aucun Israélien n’a été blessé durant l’incident. Il a été rapporté que les secouristes palestiniens ont été empêchés de rejoindre le blessé. Qusay, du village de Qabatiya, dans le nord de la Cisjordanie, était le dixième jeune de la ville à avoir été abattu depuis octobre 2015.
Mahmoud Shaalan, 16 ans
Mahmoud, un Américain palestinien résidant au village de Deir Dibwan, dans la zone de Ramallah, a été abattu et tué par les forces israéliennes près d’un check-point du centre de la Cisjordanie, le 26 février. Israël a prétendu que l’adolescent avait tenté de poignarder des soldats juste avant d’être abattu.
Amnesty International a déclaré que sa mort – de même que celle de plus d’une douzaine d’autres Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours de l’an dernier – devrait faire l’objet d’une enquête en tant que possible exécution extrajudiciaire.
Un témoin oculaire a témoigné devant l’association israélienne des droits de l’homme B’Tselem que Mahmoud avait tenté de traverser un check-point et que des militaires l’avaient obligé de faire demi-tour.
« Comme il s’éloignait des soldats, l’un d’eux l’a abattu de trois balles à une certaine distance déjà. Il est tombé aussitôt sur le sol et le soldat s’est alors approché de lui pour lui tirer dessus à deux reprises encore, selon le témoin », déclare Amnesty.
Une autopsie a révélé qu’aucune balle n’avait été tirée à bout portant, ce qui remet en question l’allégation d’Israël selon laquelle Mahmoud aurait tenté de poignarder des soldats au moment où il avait été tué.
Des témoins ont déclaré à Haaretz que les militaires avaient empêché une ambulance palestinienne d’évacuer l’adolescent et que son corps dénudé était resté sur la route pendant plus de deux heures.
Aux États-Unis, quinze organisations des droits de l’homme et de croyants ont pressé l’administration Obama de mener une enquête sur cet homicide. Un haut diplomate américain a déclaré aux associations concernées que l’ambassade des États-Unis avait demandé à Israël d’enquêter sur la mort de Mahmoud.
Labib et Muhammad, tous deux du village de Qaryut, à proximité de la ville cisjordanienne de Naplouse, ont été abattus et tués par les forces israéliennes le 2 mars après avoir prétendument agressé et légèrement blessé un colon au moment où celui-ci quittait son habitation, dans la colonie d’Ely. Le colon portait son uniforme de l’armée et il était en route pour rejoindre l’unité militaire de réserve dans laquelle il sert, ont rapporté les médias israéliens.
Abd al-Rahman, du village d’al-Zawiya près de la ville cisjordanienne de Salfit, a été abattu et tué par la police après avoir prétendument poignardé et blessé un citoyen israélien près de Petah Tikva, une ville d’Israël, le 9 mars. Une vidéo graphique montre Abd al-Rahman gisant sur le sol d’un magasin de spiritueux, grièvement blessé et faisant apparemment des efforts pour respirer, pendant que des Israéliens qui l’entourent l’injurient et lui enjoignent de mourir.
Ahmad a été abattu et tué par les forces israéliennes à un check-point militaire en dehors du village d’al-Zawiya près de la ville cisjordanienne de Salfit, le 18 mars. Le village avait été bloqué par l’armée après que l’un de ses résidents, Abd al-Rahman Radad, avait prétendument poignardé un Israélien avant d’être abattu et tué par la police.
Un porte-parole de l’armée a expliqué aux médias qu’un « assaillant armé d’un couteau » s’était approché du check-point et les soldats avait « déjoué » l’agression en le tuant par balles. Aucun Israélien n’a été blessé au cours de l’incident.
Un autre Palestinien a été abattu et tué au cours du même incident et un fonctionnaire local a déclaré que les deux Palestiniens blessés avaient été laissés sur le sol, perdant leur sang, et que les secouristes palestiniens avaient été empêchés de s’approcher des deux blessés.
Ahmad, du village proche de Masha, avait prétendument laissé une note d’adieu à ses parents, note dans laquelle il leur demandait pardon.
Yasin et Isra, frère et sœur, ont été tués au cours d’une frappe aérienne israélienne dans leur quartier, dans le nord de Gaza, le 12 mars.
La maison de la famille d’Abu Khusa, située à la périphérie de Beit Hanoun, avait déjà été prise pour cible par Israël à deux reprises au cours des années précédentes. La famille avait demandé aux autorités de Gaza d’être relogée ailleurs en un lieu plus sûr, mais sa requête était restée sans réponse, a-t-elle expliqué à The Electronic Intifada, ajoutant qu’elle n’avait pas reçu la moindre aide financière non plus pour réparer les dégâts des attaques précédentes.
Yusif Walid Mustafa al-Tarayra, 17 ans
Yusif, du village de Bani Naim, a été abattu et tué après avoir heurté un officier de l’armée avec sa voiture dans la colonie de Kiryat Arba, près de Hébron, le 14 mars. L’officier a été légèrement blessé, selon l’association israélienne des droits de l’homme B’Tselem.
Abdallah, originaire de la ville cisjordanienne de Hébron, a été abattu et tué par la police israélienne des frontières après avoir poignardé et grièvement blessé un soldat à un check-point situé près de la mosquée Ibrahimi, dans la vieille ville de Hébron, le 19 mars.
Ibrahim a été tué en compagnie de sa sœur adulte, enceinte, Maram Salih Hassan Abu Ismail, 23 ans, mère de deux petits enfants, au check-point militaire de Qalandiya, entre Ramallah et Jérusalem, le 27 avril.
La police israélienne a prétendu que le frère et la sœur portaient des couteaux et qu’ils avaient tenté de poignarder des soldats. Aucun Israélien n’a été blessé durant l’incident.
Le ministre israélien de la Justice a refusé d’ouvrir une enquête après que la preuve eut été établie que le frère et la sœur avaient été abattus par des gardes de la sécurité civile et non par la police. .
Mahmoud, du village de Beit Ur al-Tahta, dans le centre de la Cisjordanie, a été tué quand les forces israéliennes ont ouvert le feu sur une voiture transportant des jeunes Palestiniens de retour d’une soirée de natation pour fêter le ramadan, le 21 juin. Cinq autres jeunes ont été blessés au cours de l’incident, y compris le conducteur, qui avait perdu le contrôle du véhicule avant d’aller s’écraser dans un mur.
L’armée a admis que les Palestiniens s’étaient fait « tirer dessus par erreur », quand les soldats avaient « riposté » suite à des rapports de jets de pierre et de cocktails Molotov sur une grand-route utilisée par les colons en Cisjordanie.
La Société du Croissant rouge palestinien a déclaré que les soldats avaient empêché pendant plus d’une heure et demie les secouristes de fournir les premiers soins aux Palestiniens blessés.
L’un des survivants a déclaré à B’Tselem que les coups de feu avaient été tirés depuis une voiture civile.
« Tout était normal et il n’y avait rien de suspect », a témoigné Hadi Badran. « Brusquement, nous avons été pris sous le feu. J’ai regardé dans la direction d’où venaient les tirs et j’ai vu une voiture civile, blanche. Il y avait deux hommes à l’intérieur, en vêtements civils, et c’étaient eux qui nous tiraient dessus. »
« Les comptes rendus des médias indiquent que les soldats et l’officier qui ont ouvert le feu appartenaient au régiment Duchifat de la brigade Kfir et qu’ils passaient par-là, en route pour prendre connaissance de questions de logistique », a déclaré B’Tselem, ajoutant que « les soldats avaient tiré arbitrairement sur la voiture, n’ayant aucune preuve que l’un ou l’autre de ses passagers aurait pu être impliqué dans des jets de pierres ou de cocktails Molotov ».
Selon l’association pour les droits, « cette fusillade est la résultante directe d’une politique militaire qui donne la possibilité, en dépit d’une interdiction officielle stipulée dans les réglementations de l’armée israélienne concernant l’usage des armes à feu, d’utiliser des munitions létales même dans les cas où il n’y a pas de menace pour la vie et même quand les soldats ont à leur disposition d’autres moyens non létaux. Cette politique est soutenue par la plupart des officiers supérieurs et par les responsables du gouvernement, qui ne font rien pour la modifier, bien qu’elle ait répétitivement des conséquences mortelles. »
Muhammad a été abattu et tué après avoir poignardé une adolescente de treize ans, Hallel Yaffa Ariel, à son domicile dans la colonie de Kiryat Arba, près de Hébron, le 30 juin.
Le New York Times a rapporté qu’après cela, Muhammad s’était enfermé pendant quelque temps dans la maison de la fille, alors que les résidents de la colonie, dont le père de l’adolescente, tentaient de retrouver la personne qui avait fait une brèche dans la clôture de la colonie.
Quand ils avaient forcé les portes de la maison, Muhammad, originaire du village voisin de Bani Naim, avait poignardé l’un des colons armés avant d’être abattu.
Ariel avait été conduite immédiatement dans un hôpital, où elle était décédée peu de temps après. Le département d’État américain a confirmé que la fille avait la nationalité américaine. Ariel a été le seul enfant israélien tué par des Palestiniens en 2016.
En août, les forces israéliennes ont démoli la maison appartenant à la famille de Muhammad.
Muhyee est mort après avoir été reçu des balles à la poitrine et à la tête lors des confrontations qui ont eu lieu quand les forces israéliennes ont effectué un raid dans la ville d’al-Ram, près de Jérusalem, le 19 juillet.
Defense for Children International – Palestine a déclaré que « le garçon est mort d’une balle enrobée de caoutchouc dans la poitrine, tirée par les forces israéliennes ».
Muhyee est le deuxième enfant palestinien à avoir été tué par une balle enrobée de caoutchouc. Muhammad Sinokrot, 16 ans, est décédé de ses blessures en 2014, après qu’un agent de la police israélienne des frontières l’avait touché dans la partie droite de la tête, provoquant ainsi une fracture du crâne et une hémorragie cérébrale. Une enquête israélienne autour du cas de Muhammad a été classée sans avoir accusé l’agent de la police des frontières responsable des faits, a ajouté Defense for Children.
Abd al-Rahman a été tué sur le coup après avoir été touché de plein fouet par une fusée éclairante tirée par un soldat israélien au cours d’une manifestation à proximité de la frontière entre Gaza et Israël, le 9 septembre.
Après qu’il eut été touché, « on a vu Abd al-Rahman gisant au sol, la tête en feu », mentionnait un rapport sur l’incident rédigé par l’association des droits de l’homme Al-Haq.
« Ses amis choqués se sont précipités pour l’aider, mais les soldats israéliens ont pointé leurs armes sur eux en disant : »Ceux qui osent tenter de l’approcher subiront le même sort que lui » », ajoutait Al-Haq.
Defense for Children International – Palestine a publié une vidéo montrant Abd al-Rahman gisant sur le sol, avec des flammes et de la fumée lui sortant de la tête.
« Une image aux rayons X partagée avec DCIP (…) montre la fusée enfoncée dans le crâne d’Abd al-Rahman, juste au-dessus de son arcade gauche », a expliqué l’association. Le projectile qui a tué Abd al-Rahman est fabriqué par les sociétés Chemring Ordnance et AMTEC, toutes deux installées aux États-Unis, a ajouté DCIP.
Firas al-Khadour, 17 ans
Un témoin de la mort de Firas a infirmé les affirmations d’Israël prétendant que l’adolescent tentait d’attaquer des soldats avec sa voiture, lorsqu’il a été tué, le 16 septembre.
Le témoin, qui était dans la même voiture que Firas au moment où il a été tué, a déclaré que le véhicule avait les freins en mauvais état et qu’ils n’ont pas fonctionné au moment où il s’est approché de la colonie de Kiryat Arba, près de la ville cisjordanienne de Hébron, à la suite de quoi il a terminé sa course dans un arrêt de bus.
Après que la voiture se fut arrêtée, des soldats ont ouvert le feu de plusieurs directions à la fois, tuant Firas et blessant très grièvement le témoin.
« Firas a tenté de ralentir, mais les freins n’ont pas répondu du tout. La vitesse de la voiture augmentait de plus en plus, et il a essayé d’utiliser les freins pour arrêter, mais ils n’ont pas fonctionné non plus », a déclaré Raghad, le témoin, à Defense for Children International – Palestine. « J’étais très effrayé, et ce qu’il y avait de plus effrayant, c’est que nous approchions de l’entrée de la colonie. »
Firas et le témoin proviennent tous deux du village de Bani Naim.
Muhammad a été abattu et tué après avoir prétendument poignardé et légèrement blessé un soldat israélien près de la zone de Tel Rumeida, dans la vieille ville de Hébron, en Cisjordanie, le 16 septembre. Un rapport indique que les forces israéliennes ont empêché une ambulance de rejoindre al-Rajabi après qu’il eut été abattu.
Amir a été abattu et mortellement blessé en même temps que Muhammad Jamal al-Rajabi, 21 ans, alors qu’il brandissait un couteau au check-point de la mosquée Ibrahimi dans la ville cisjordanienne de Hébron, le 19 septembre. La Société du Croissant rouge palestinien a expliqué à l’agence de presse Ma’an qu’une des ambulances avait été « empêchée de se rendre sur les lieux ». Un soldat israélien, rapport-t-on, a été légèrement blessé à la main au cours de l’incident.
Issa a été abattu par des soldats qui ont prétendu que le garçon avait un couteau et qu’il avait tenté de s’en servir contre eux à un check-point à proximité de la ville cisjordanienne de Bani Naim, le 20 septembre. Aucune Israélien n’a été blessé lors de l’incident.
Faris est mort le 23 décembre à l’issue de 69 jours de coma, après avoir été abattu lors de confrontations avec les forces israéliennes à l’entrée du camp de réfugiés de Jalazone, près de la ville cisjordanienne de Ramallah.
Les médecins ont dit à Defense for Children International – Palestine qu’une balle enrobée de caoutchouc avait percé le front de la tête de Farid et s’était logée dans son cerveau, « provoquant de graves dégâts et une hémorragie ».
Faris participait à une marche commémorant la mort d’Ahmad Sharaka, 14 ans, lui aussi originaire du camp de Jalazone et abattu un an plus tôt par des soldats.
Une enquête militaire a estimé que les soldats avaient eu raison d’ouvrir le feu contre Faris. L’association israélienne des droits de l’homme, B’Tselem, a déclaré, toutefois, que les tirs étaient « illégaux » et que le garçon ne représentait pas un danger pour les militaires au moment où il avait été abattu.
Khalid a reçu une balle dans le dos à une distance d’environ 20 mètres alors qu’il s’éloignait en courant des soldats, qui l’accusaient d’avoir jeté des pierres contre eux, à l’entrée d’un bosquet situé à proximité du village de Beit Ommar, dans le sud de la Cisjordanie occupée, le 20 octobre.
Une enquête militaire à propos de l’incident a déterminé que « les vies des soldats n’étaient pas en danger et qu’ils auraient dû agir différemment, dans cette affaire », écrit le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz. Un porte-parole de l’armée israélienne a expliqué que l’incident faisait l’objet d’une enquête par l’Unité d’investigation de la Police militaire et que ses résultats seraient transmis à l’avocat général de l’armée.
L’association israélienne des droits, B’Tselem, a déclaré que les forces israéliennes « avaient agi sans la moindre justification et qu’elles n’étaient pas confrontées à un danger de mort » quand elles ont abattu l’adolescent.
Israël a retenu le corps de Khalid durant plusieurs semaines, empêchant ainsi sa famille de l’enterrer.
Muhammad a été abattu et tué par un garde de la sécurité privée près du check-point de Shuafat dans la zone de Jérusalem, le 25 novembre. La police israélienne a prétendu que l’adolescent avait tenté une agression au couteau. Aucun Israélien n’a été blessé dans l’incident.
Les forces israéliennes ont abattu Ahmad alors qu’il s’enfuyait devant elles, le 18 décembre, comme le montrent des extraits publiés par B’Tselem d’une prise de vue d’une caméra de sécurité.
Ahmad faisait partie d’un groupe d’adolescents qui tentaient d’empêcher les forces israélienne d’entrer à Beit Rima, un village situé à proximité de la ville cisjordanienne de Ramallah.
B’Tselem a déclaré que les jeunes « étaient à 10 ou 20 mètres des soldats et officiers et qu’ils couraient pour s’en éloigner » quand on leur avait tiré dessus. « Rien ne justifiait ces tirs et l’action était illégale. »
Les noms et les âges rapportés ci-dessus peuvent différer de ce qui a été rapporté plus tôt par The Electronic Intifada. Tous les noms, âges et dates des incidents mortels présentés ici ont été vérifiés en compagnie de Defense for Children International – Palestine, qui a obtenu la carte d’identité des enfants délivrée par le gouvernement ou leur certificat de naissance, ou les deux, dans certains cas, auprès de la proche famille de ces enfants, afin de vérifier leurs noms et âges.
Publié le 25 janvier 2017 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal
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