Les agriculteurs subissent les conséquences régulières de la situation actuelle de Gaza. Première Urgence Internationale intervient auprès de ces populations pour leur venir en aide. Explications.
Être agriculteur dans la bande de Gaza implique des défis et des dangers qui ne sont pas liés directement à la nature de leur travail. En plus du blocus par air, terre et mer qui isole le territoire et limite fortement le mouvement des personnes et des marchandises depuis 11 ans, Israël a aussi instauré une zone tampon le long de la frontière.
En pratique, cela veut dire que 17% des terres de Gaza sont à accès restreint. Une présence entre 100 et 1 500 mètres de la frontière peut donc représenter un réel danger. Comme 35% des terres agricoles se trouvent dans cette zone, certains agriculteurs ne peuvent plus travailler sur leur propre terre et sont obligés d’en louer une autre. C’est le cas de R., 56 ans. Il possède une terre collée à la frontière et en loue une autre plus loin.
R. a été blessé à la main par un tir de l’armée israélienne en juin 2017. Des manifestants étaient entrés dans son champ de persil pendant une manifestation contre le blocus. Après leur départ, il a reçu un appel. Alors qu’il sortait son téléphone de sa poche, l’armée lui a tiré dessus. Depuis, il ne peut plus travailler son champ. Il a alors reçu un soutien financier de Première Urgence Internationale, qu’il a utilisé pour payer les soins médicaux. En 2017, 297 accidents similaires ont eu lieu dans cette zone frontalière, provoquant 12 morts. Agriculteurs, bergers et chasseurs étaient victimes dans 35% de ces accidents.
Les agriculteurs doivent faire face aux difficultés dues à la présence des forces israéliennes dans cette zone. Des tanks et des bulldozers nivellent la terre régulièrement, détruisant toute végétation. Des avions pulvérisent des herbicides qui nuisent gravement aux cultures, provoquant ainsi des pertes importantes. Les pertes liées à la dernière pulvérisation d’herbicide, qui a eu lieu pendant quatre jours au début du mois de janvier (1), ont été estimées à environ 1 million d’euros par le ministère de l’Agriculture à Gaza. Et 212 agriculteurs ont été affectés.
Une crise énergétique frappe la bande de Gaza depuis presque un an. Elle émane des disputes politiques entre les autorités palestiniennes en Cisjordanie et celles de Gaza. Son impact est négatif pour l’agriculture. En effet, l’électricité utilisée pour les systèmes d’irrigation, est disponible seulement 4 à 6 heures par jour et souvent, pendant la nuit. En plus du contexte sécuritaire fragile, les agriculteurs se voient donc obligés de travailler dans l’obscurité.
H., a 55 ans. Il est agriculteur à Khuza’a, un village de la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Il travaille dans le secteur agricole depuis 35 ans, mais ses conditions de travail ont changé drastiquement depuis le début du blocus imposé sur Gaza en 2007. À partir de cette année, son revenu a été réduit de 80%, passant d’environ 850 euros par mois à 170. Sa pépinière a été endommagée pendant les guerres en 2009, 2012 et 2014, causant une perte d’une valeur équivalente à 93 000 euros qu’il peine à rembourser. « J’ai maintenant une dette d’environ 65 000 euros », dit-il. « J’ai peur de mourir et de laisser cette dette à mes enfants ».
Les équipes de Première Urgence Internationale accompagnent les fermiers travaillant dans la zone d’accès restreint afin qu’ils maintiennent leurs activités agricoles et leurs moyens d’existence. H. est, par exemple, soutenu par Première Urgence Internationale et reçoit des outils agricoles et des semences pour alléger ses investissements et ne pas aggraver ses dettes. D’autres activités sont également développées, comme la mise à disposition de panneaux solaires pour répondre aux besoins en électricité et permettre aux agriculteurs d’irriguer leurs champs. Première Urgence Internationale vient également en aide à des agricultrices cheffes de ménage pour les aider à lancer ou relancer une activité génératrice de revenus. Ainsi, l’ONG développe toute une palette d’actions pour répondre aux besoins quotidiens des ménages les plus vulnérables et directement affectées par le conflit prolongé entre Israël et le Territoire palestinien occupé.
Cependant, ces solutions ne resteront qu’une mesure temporaire, tant que la cause du problème ne sera pas adressée. Les difficultés auxquelles les agriculteurs font face dérivent directement des pratiques utilisées par la puissance occupante pour maintenir le blocus. Ces pratiques, ainsi que le blocus en lui-même, constituent des violations du droit international. Par conséquence, seule une cessation de ces violations peut apporter une véritable solution aux défis quotidiens des fermiers à Gaza.
(1) Pour en savoir plus, voir l’article de l’Humanité « À Gaza, l’armée israélienne déverse des herbicides » : https://www.humanite.fr/gaza-larmee...
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