L’Union Européenne réfléchit à la mise en place d’un étiquetage spécifique pour les produits venus des colonies israéliennes. Des députés français ont appelé à soutenir le projet fin mai à Paris en s’appuyant sur le travail mené par une ONG palestinienne WhoProfits. Spécialiste de l’activisme économique, elle est consultée par les investisseurs responsables nord européens.
« Nous pratiquons l’activisme économique » explique Esti Micenmacher, de l’ONG Who Profits venue à Paris fin mai 2013 expliquer l’action de cette association, créée il y a sept ans par des femmes militant contre l’occupation israélienne dans les territoires. « Nous avons mené une enquête pour savoir quelles entreprises réalisaient des profits dans les colonies. Nous avons ensuite construit une base de données accessible sur notre site Internet qui les répertorie en trois catégories, celles qui y réalisent des produits, celles qui contribuent à la construction des colonies et celles qui y proposent leurs services. » Elle ajoute : « Aujourd’hui, il est impossible pour le consommateur européen de connaître l’origine exacte des produits qui viennent d’Israël. C’est pourquoi nous appelons à l’étiquetage des produits en provenance de ces territoires ». Elle a bon espoir que cela soit applicable sur les produits alimentaires et cosmétiques pour lesquelles les règles européennes de traçabilité sont déjà très précises. Comme cela concerne beaucoup les fruits et légumes provenant de la vallée du Jourdain, cela lui semble très construction.
De plus en plus d’investisseurs convaincus
L’activisme économique de Whoprofits l’a aussi a mené à interpeler les investisseurs responsables, en particulier dans les pays où ils sont attentifs à la question des territoires occupés. L’étude publiée par le centre de recherche de Novethic sur leurs listes noires d’entreprises controversées montre que des grands fonds scandinaves et néerlandais excluent certaines entreprises pour leur implication dans les territoires occupés. L’entreprise française Alstom est l’une d’entre elles. Esti Micenmacher raconte que ces investisseurs sont aujourd’hui un relai important des actions menées par Whoprofits. « Nous avons contacté il y a quatre ans le fonds souverain norvégien pour lui dire que nous avions repéré une quarantaine d’entreprises dans ses placements susceptibles d’être en contradiction avec sa politique éthique de respect des droits humains. Deux semaines après son comité éthique est venu nous voir sur place. Par la suite, le fonds a désinvesti trois compagnies que nous avions ciblées dont l’israélienne Elbit. »
Whoprofits a noté que les investisseurs responsables dont de plus en plus nombreux à la contacter. S’ils ne sont pas Français pour l’instant, il s’agit plutôt de fonds de pension d’Europe du Nord. Leurs démarches d’engagement actionnarial auprès des entreprises constituent clairement pour cette ONG un levier beaucoup plus important que la démarche d’étiquetage des produits. Ceci dit la seconde peut contribuer à lancer un débat en France sur cette notion d’activisme économique dans les colonies ou ailleurs. Ce serait un premier pas intéressant vers la prise de conscience que les actions économiques et financières ont aujourd’hui souvent beaucoup plus de poids que les actions politiques.
A.C. Husson-Traore
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