Les élus de Tower Hamlets n’ont pas divulgué les vraies raisons de leur refus d’accueillir la Big Ride for Palestine.
Les élus de Tower Hamlets [NDT : une commune du Grand Londres] qui ont refusé d’accueillir cet événement organisé au profit des enfants de Palestine [NDT : The Big Ride for Palestine est une course cycliste caritative au profit des enfants palestiniens] n’ont pas expliqué que leur décision était motivée par la crainte de franchir la ligne rouge de l’antisémitisme à travers une critique d’Israël, ce que révèlent des e-mails échangés en interne.
Les échanges entre les élus de Tower Hamlets ont également révélé qu’ils pensaient que l’événement devrait être refusé, en partie à cause du conflit sur l’antisémitisme au sein du Parti travailliste.
Le conseil municipal a expliqué aux organisateurs de la course The Big Ride for Palestine, qui a récolté quelque 160 000 euros d’équipements sportifs pour les enfants de Gaza depuis 2015, que « les connotations politiques » de l’événement empêchait que la dernière étape traverse l’arrondissement de Tower Hamlets « sans problèmes ». Les élus ont estimé qu’il y avait un risque d’entendre des intervenants exprimer des opinions qui contrediraient la politique de cohésion et d’égalité encouragée par la commune.
En coulisses, on évoque de « vrais risques » sur le fait que l’événement et ses organisateurs puissent violer la définition sur l’antisémitisme de l’IHRA à cause des références à l’apartheid et au nettoyage ethnique sur le site de la course caritative. Un élu évoque des inquiétudes « notamment à cause de la récente fureur [sic] du Parti travailliste sur l’antisémitisme [sic] ».
En cherchant à expliquer cette décision, un représentant de la mairie avance qu’il serait plus sage d’« éviter les références antisémites sur leur site car cela pourrait ouvrir une boîte de Pandore qui finirait par se retourner contre nous ».
Les emails internes publiés à la demande de l’ONG Palestinian Solidarity Campaign au nom de la liberté d’information, ont révélé que le conseil municipal a tenté d’évaluer le site de la Big Ride selon le biais de la définition controversée de l’IHRA. Les messages expriment l’inquiétude des élus au sujet de citations reprises du site qui définissent la façon dont les Israéliens traitent les Palestiniens comme du nettoyage ethnique et dressent des parallèles entre la politique israélienne et l’apartheid en Afrique du sud.
Dans un chapitre du site, on trouve la phrase suivante : « S’opposer activement aux crimes commis par l’Etat d’Israël relève de notre responsabilité, tout comme l’opposition au régime d’apartheid qui sévissait en Afrique du sud était un impératif moral et politique pour beaucoup. » Plus loin : « Il est manifestement évident de reconnaître les parallèles entre l’Afrique du Sud de l’apartheid et l’Etat d’Israël... C’est un problème israélien et non pas juif. De nombreux amis juifs s’opposent à cette oppression. » Ailleurs, la course est décrite comme une protestation « contre 67 ans de nettoyage ethnique en Israël. »
La définition controversée de l’IHRA prévient que « affirmer que l’existence de l’Etat d’Israël est une entreprise raciste » relève de l’antisémitisme. Le débat a pris de l’importance après la décision du Parti travailliste d’exclure certains exemples cités dans le texte original.
Le Parti a finalement adopté la définition dan son intégralité, tout en adoptant une déclaration stipulant que rien ne devrait « discréditer la liberté d’expression sur Israël ou sur les droits des Palestiniens. »
Ses critiques soutiennent que la définition [de l’IHRA] favorise l’amalgame entre cirtique légitime d’Israël et racisme. Ses défenseurs la voient comme un moyen donné aux organisations de traquer les formes subtiles d’antisémitisme.
Les emails montrent que l’équipe municipale avait de toute façon décidé l’interdiction de cet événement « controversé et sensible » avant d’appeler des collègues pour qu’ils confrontent cette décision aux critères IHRA.
Après examen de la présentation de la course sur son site, un responsable, dont le nom a été expurgé des messages rendus publics, a écrit : « Il semble que, même si le formulaire d’inscription ne pose aucun problème, le contenu du site soulève le risque que cet événement ne tienne pas compte de la position adoptée par le conseil. »
Dans un autre message, la chargée des sports, des loisirs et de la culture avoue qu’elle sent que l’événement sera interdit parce que « le conseil a récemment adopté la définition IHRA sur l’antisémitisme et qu’il y a des questions à ce sujet dans le contenu du site de la course. »
Le responsable du parc où devait avoir lieu la course, Stephen Murray, a suggéré de ne pas expliquer les raisons du refus dans la réponse aux organisateurs de la course parce que c’était « un véritable sac de nœuds. »
Un porte-parole de la mairie de Tower Hamlets a expliqué au Guardian : « Le conseil a examiné attentivement la demande et a décidé de ne pas accueillir cet événement parce que nous n’organisons pas de rassemblements à connotation politique, même s’ils n’ont aucun lien direct avec des partis politiques. »
Un porte-parole de The Big Ride for Palestine indique que leur travail se concentre sur l’aide à apporter aux 300 000 enfants de Gaza qui montrent des signes de détresse psychologique sévère. « C’est terrible qu’une interprétation trop scrupuleuse de la définition de l’antisémitisme donnée par l’IHRA soit utilisée à huis clos pour empêcher une prise de conscience de la situation en Palestine et de la nécessité d’un soutien humanitaire. »
Traduit de l’anglais par l’AFPS
Voir aussi l’article Freedom of expression on Palestine is being suppressed
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