Alors que les négociations entre Israël et Palestine arrivent à échéance, la situation entre les deux pays est toujours au point mort. La France a-t-elle un rôle à jouer dans ce processus de paix ? Réponse de Michel Ménard, Florence Delaunay et Yves Daniel, députés PS et membres du Groupe d’études à vocation internationale France-Palestine (GEVI).
La relance du processus de paix par le Secrétaire d’État américain John Kerry est arrivée à échéance. Malgré l’espoir suscité, il n’y a eu aucune avancée significative dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens ces neuf derniers mois.
Un accord de paix juste et durable, basé sur la solution des deux États dans le respect des frontières de 1967, semble aujourd’hui plus lointain que jamais.
L’expansion de la colonisation israélienne en Territoire palestinien occupé, illégale au regard du droit international, est une pierre d’achoppement significative du processus de paix.
Rien qu’en avril, le gouvernement israélien a annoncé la relance d’un appel d’offre pour la construction de 708 logements à Jérusalem-Est ainsi que l’établissement d’une nouvelle colonie à Hébron en Cisjordanie. Rappelons aussi qu’en 2013 la construction de colonies en Cisjordanie a plus que doublé par rapport à 2012 !
La France pourrait adopter des mesures effectives pour lutter contre la colonisation, afin de rendre celle-ci politiquement et économiquement beaucoup plus coûteuse, et ainsi donner une réelle chance au processus de paix d’aboutir.
Sans arrêt définitif de la colonisation, il est clair que le processus de paix et la solution des deux États ne peuvent aboutir. Il est donc temps que la communauté internationale tire les conclusions de l’impasse dans laquelle se trouvent ces négociations.
Sous prétexte de soutenir l’initiative diplomatique américaine, l’Union européenne, et la France en particulier, est restée jusqu’à présent largement spectatrice des efforts de relance du processus de paix, alors que les mesures concrètes pour accompagner ce processus ne manquent pas.
Pourtant, une enquête récente a montré que 53% des Israéliens pensent que seule une combinaison de mesures incitatives et dissuasives des gouvernements européens peut convaincre leur gouvernement et la Knesset d’accepter un accord de paix basé sur la solution des deux Etats.
Au niveau national, nous, parlementaires français, nous sommes fortement mobilisés et avons maintes fois interpellé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius à propos de la politique de la France à l’égard des colonies israéliennes.
La France est en retard par rapport à ses voisins européens, y compris certains réputés « proches d’Israël », qui prennent des mesures concrètes pour accompagner le processus de paix.
Par exemple, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont publié des directives d’étiquetage pour les produits issus des colonies ainsi que des avis publics décourageant les activités commerciales et les investissements dans les colonies. Et l’Allemagne impose une clause territoriale dans sa politique de coopération scientifique avec Israël qui exclue les colonies.
L’étiquetage des produits des colonies à l’attention des consommateurs, l’inclusion d’une clause territoriale dans tous les accords de coopération bilatérale avec Israël et la publication d’un avis public à l’attention des entreprises, qui découragent les activités commerciales et les investissements dans les colonies, sont autant de mesures concrètes et effectives que le gouvernement français peut prendre pour être cohérent avec ses nombreuses déclarations sur l’illégalité des colonies.
Aucun accord de paix juste et viable entre Israéliens et Palestiniens ne verra le jour sans une mobilisation accrue et des mesures concrètes qui sont aujourd’hui du ressort de la France afin de rendre la colonisation coûteuse tant politiquement qu’économiquement.
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