Vingt-quatre heures après avoir garanti à Israël sa sécurité « en tant qu’État juif », le président américain George W. Bush lui a enjoint hier de mettre fin à 40 ans d’« occupation » et a réaffirmé son engagement ferme envers un État palestinien viable. Signe de cet engagement, son conseiller à la Sécurité nationale, Stephen Hadley, a affirmé que M. Bush devrait revenir au moins une fois d’ici à janvier 2009 au Proche-Orient.
Le président américain, qui s’est rendu en Cisjordanie pour la première fois en sept ans de mandat, a confié au président palestinien Mahmoud Abbas sa conviction ferme qu’« un traité de paix » serait conclu avant son départ de la Maison-Blanche, dans un an. Dans l’entourage du président américain, on reconnaît toutefois que la perte de Gaza par les forces de Abbas, en juin dernier, est susceptible de compliquer la conclusion de ce « traité » et de retarder l’avènement du futur État palestinien, dont le territoire passé aux mains du Hamas est un élément majeur. Pour sa part, le président Abbas s’est réjoui des engagements de son hôte, que la météo a contraint de se rendre en voiture et non en hélicoptère jusqu’à Ramallah, un trajet de 20 km qui lui a permis de prendre de visu la mesure de l’ampleur de la colonisation juive autour de Jérusalem et du maillage militaire de la Cisjordanie.
« Un accord doit stipuler qu’il y aura une fin à l’occupation qui a commencé en 1967 », a déclaré M. Bush lors d’une brève déclaration à la presse à Jérusalem, en allusion à l’occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, à la suite de la guerre israélo-arabe de juin 1967. « La question territoriale doit être décidée par les deux parties, mais je crois qu’un accord de paix nécessitera des ajustements agréés à la ligne d’armistice de 1949 pour tenir compte de réalités et assurer que l’État palestinien sera viable et continu ». La ligne d’armistice de 1949, dite « ligne verte », constituait la frontière entre Israël et les territoires palestiniens avant leur occupation. En parlant de « réalités », M. Bush se référait aux principaux blocs de colonies juives, qu’Israël dit vouloir conserver dans le cadre d’un accord de paix.
M. Bush a aussi estimé qu’un accord devait « stipuler une Palestine qui soit la patrie du peuple palestinien, tout comme Israël est la patrie du peuple juif ». « C’est à présent le moment de faire des choix difficiles », a ajouté M. Bush, qui s’est entretenu mercredi avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Il a aussi proposé un mécanisme international d’indemnisation pour résoudre la question des réfugiés palestiniens, l’un des dossiers les plus épineux des négociations. « Je pense que nous devons considérer la création d’un État palestinien et d’un nouveau mécanisme international incluant des indemnisations, afin de résoudre la question des réfugiés », a-t-il dit. Israël refuse le retour des réfugiés et de leurs descendants, soient plus de 4 millions de personnes, sur son territoire. Selon M. Bush, la création d’un État palestinien « n’a que trop tardé ». « Le peuple palestinien le mérite et un tel État renforcera la stabilité de la région et contribuera à la sécurité de l’État d’Israël. »
Bush, qui poursuivra aujourd’hui sa tournée en se rendant au Koweït, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Égypte, a par ailleurs appelé les États arabes à « tendre la main à Israël » pour favoriser un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens. De son côté, son conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley a affirmé que M. Bush devrait revenir au moins une fois d’ici à janvier 2009 au Proche-Orient pour favoriser un accord de paix avant de quitter la Maison-Blanche. « Je pense que vous le verrez à nouveau dans la région au moins encore une fois avant qu’il ne quitte ses fonctions », a déclaré M. Hadley lors d’un point de presse.
Réagissant à ces propos, un haut responsable israélien, parlant sous couvert d’anonymat, a affirmé que les déclarations de M. Bush offraient « une solution qui conviendrait à Israël ». Chez les Palestiniens, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a estimé que l’appel de M. Bush à la fin de l’occupation qui a commencé en 1967 « est un premier pas vers une paix réelle ». « Israël doit comprendre que la colonisation est illégale », a-t-il ajouté.
À Gaza, le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum a dénoncé les déclarations de Bush. « Ce sont des illusions et des promesses qui n’auront aucun résultat concret », a-t-il dit à l’AFP
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