Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

Soutenons « Obliterated families », un hommage aux familles de Gaza

8 juin 2016 - Appel à financement participatif

L’attaque israélienne sur Gaza de 2014 est souvent résumée par des chiffres : 2 200 personnes ont péri, 11 000 ont été blessées etc... mais ces chiffres tendent à masquer la réalité de l’impact de la guerre sur les familles palestiniennes qui ont pour certaines été « décimées ». « Familles décimées » (ou « Obliterated Families »), c’est le titre du projet de webdocumentaire interactif entrepris par la photographe Anne Paq et la journaliste Ala Qandil, qui vise à rendre hommage aux familles de Gaza, à faire connaître leur histoire afin qu’elles ne tombent pas dans l’oubli.



Pour soutenir le projet, cliquez ici.

Présentation détaillée du projet

(La vidéo est aussi sous-titrée en français- cliquez sur la roue en bas à droite et choisir français dans « subtitles »)

Introduction

« Obliterated Families » (familles décimées) est un webdocumentaire interactif qui raconte les histoires personnelles de familles palestiniennes de la bande de Gaza dont les vies ont été bouleversées par l’offensive militaire israélienne en 2014.

La guerre contre Gaza

Qu’avez-vous retenu des 51 jours que dura l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza lors de l’été 2014 ? Peut-être quelques chiffres : 2 200 morts, 11 000 blessés, 100.000 personnes sans-abri. La guerre, si étroitement surveillée par les médias, a été mesurée, numérotée, comptée. Mais les statistiques ne reflètent pas la perte d’un être cher, le bombardement de la maison familiale, ou le traumatisme qui survient après le cessez-le- feu. Nous avons retenu l’une de ces données - 142 familles palestiniennes qui ont perdu trois membres ou plus, selon un décompte de l’ONU- et l’avons transformée en un récit intime de perte soudaine, de douleur, et de la vie d’après.

Les survivants, aussi, se rappellent certains chiffres - la minute, l’heure, le jour, le mois où une bombe a frappé leur maison. Le temps qu’il a fallu aux ambulances pour les atteindre. Le nombre de leur êtres chers blessés et tués. Ce dont ils se souviennent les hante : la nuit quand il n’y a pas d’électricité, quand ils essaient de trouver le sommeil, ou tout simplement quand ils voient une photo de leurs proches, maintenant disparus.

Photo : Ala Balata, 17 ans, est le seul survivant de sa famille proche. Ala a perdu ses parents et sept frères et soeurs, tués dans une attaque israélienne.

Comment cela a-t-il commencé ?
Nous avons travaillé en équipe pendant l’offensive, avec Anne qui photographiait et Ala qui écrivait les histoires correspondantes.

Mais notre travail ensemble, ainsi que notre lien avec Gaza, a commencé bien avant :

Anne  : J’ai commencé à me rendre dans la bande de Gaza en 2010, et à partir de ce moment là Gaza est devenue une grande partie de mon travail et ma vie. Les années suivantes, j’ai documenté non seulement la souffrance d’un peuple vivant sous blocus, mais aussi la vie quotidienne, et les scènes vibrantes artistiques et alternatives. Gaza est beaucoup plus que ce que les médias nous montrent habituellement. Sa soif de liberté et de la vie est contagieuse, et je m’y suis faite beaucoup d’amis proches.

J’ai beaucoup insisté pour que Ala, une amie journaliste proche, m’accompagne. Elle m’a finalement rejoint en Novembre 2012 – le premier jour de l’offensive militaire israélienne. Notre travail était difficile, mais je ne pouvais pas penser à une meilleure personne avec qui faire équipe. Parfois, je me précipitais pour prendre des photos. Ala me ralentissait toujours. "Attends, je veux m’assurer que je comprenne correctement cette histoire », m’a-t-elle toujours dit. Voilà pourquoi je pouvais lui faire confiance. Ala prendrait toujours un temps supplémentaire pour être sure de discuter les détails avec la personne interviewée, mais aussi pour se connecter sur le plan humain. En 2014, je n’ai pas hésité une minute lorsque Ala m’a dit qu’elle allait retourner à Gaza. Je ne pouvais pas rester en Europe, tandis que la bande de Gaza était bombardée à nouveau. Je l’ai rejoint et nous avons travaillé à nouveau sans relâche – jours et nuits.

Quand j’y suis retournée en Septembre, après le cessez-le, le Gaza que je connaissais avait été changé à jamais. J’ai été choquée de voir que tous les journalistes internationaux étaient absents, alors que la lutte réelle des gens sur place venait juste de commencer : construire leur vie dans les décombres d’une autre guerre. J’ai décidé alors de me consacrer à ce projet à long terme.

Ala  : Quand je dis à mes amis du Moyen-Orient que je suis à moitié palestinienne, ils sont souvent un peu agacés. « Si ton père est palestinien, tu es palestinienne." Je réponds généralement avec un sourire à ce commentaire. J’ai grandi en Pologne et longtemps avant même que nous n’ayons commencé à parler de la Palestine à la maison, mon père me disait : « Nous sommes des réfugiés, alors étudie à fond, parce que quand quelqu’un viendra t’expulser de ta maison, ton éducation sera tout ce que tu pourras prendre avec toi. » Il pensait à ses parents, expulsés de leur village par les forces israéliennes en 1948 et empêchés depuis d’y retourner. Quand je suis arrivée en Palestine en 2012 pour écrire sur la lutte pour la justice et contre l’oppression, je me suis rendue compte que beaucoup de parents palestiniens disaient la même chose à leurs enfants. Au fil des ans la Palestine m’est devenue chère, et en particulier Gaza. Comme l’a mentionné Anne, il est difficile de résister à la soif du peuple pour la vie et la liberté ainsi que son hospitalité, sa bienveillance et son ouverture.

Nous avons travaillé ensemble avec Anne dans les moments les plus chaotique et intenses. Elle était infatigable, avec comme force motrice son engagement envers les Palestiniens de Gaza. Et très respectueuse envers les gens qu’elle photographiait. Même pendant l’offensive israélienne, elle a gardé ses principes, sans jamais oublier de dire « bonjour », « merci » ou « êtes-vous d’accord pour être photographié ? ». Après l’été 2014, j’ai pensé quitter la Palestine pour de bon. J’étais épuisée. Mais à la place, j’ai commencé à y retourner pour de courtes visites et finalement à Gaza pour quelques mois afin de recueillir des matériaux pour notre projet.

Le projet a vraiment commencé quand nous avons réalisé que, sous les bombardements quotidiens, terrées dans leur maison ou fuyant sous les bombes, des familles entières disparaissaient, et leurs histoires avec elles. Nous n’arrivions plus à les compter. La situation générée par la guerre était souvent trop chaotique pour pouvoir même recueillir tous les noms des personnes tuées.

Anne a alors décidé de retourner dans la bande de Gaza en Septembre 2014, peu après le cessez-le-feu. Elle a commencé à retrouver des survivants et des proches des familles qui avaient été décimées lors des attaques. Ala a rejoint le projet l’année suivante. Nous avons commencé avec une poignée de familles puis le projet s’est agrandi avec l’aide du Centre Al Mezan pour les droits humains, qui nous a aidé à contacter d’autres survivants. Pendant plus d’un an, nous sommes retournées dans la bande de Gaza à plusieurs reprises et avons rencontré 54 familles.

Pourquoi un webdocumentaire et que contient-il ?
La richesse des témoignages et de la documentation visuelle recueillis était telle que nous avons cherché un format plus innovant pour raconter ces histoires. Les Webdocs utilisent une forme interactive de la narration, qui combine un reportage en profondeur avec des photos et des vidéos, ce qui permet de maintenir l’audience engagée.

Le webdocumentaire « Obliterated Families » se concentre sur 10 familles, l’histoire de chacune faisant l’objet d’un chapitre. Il comprendra aussi une section « ressources », avec notamment une exposition photo que ceux qui souhaitent s’engager un peu plus sur le sujet pourront présenter à leur entourage et réseau. Le webdocumentaire sera en français et en anglais.

Chaque chapitre sur les familles se compose de texte, photos et des vidéos. Il était important pour nous de ne pas se limiter aux moments des attaques et de se pencher aussi sur la vie de ces familles avant l’offensive. Certaines familles ont partagé avec nous leur histoire, remontant à leur expulsion en 1948, d’autres nous ont laissé les accompagner dans leur cheminement pour reconstruire leur vie - nous invitant à leurs mariages, à des sorties, déjeuners et à partager d’innombrables tasses de café.

Vidéo : Mariage d’Ala Balata, en Septembre 2015

Nous avons compris que certaines familles étaient lasses du flot de journalistes et membres d’ONG posant tous les mêmes questions difficiles, et nous avons essayé d’y être sensibles. Nous avons pris le temps de se connaître. Nous espérons que nous sommes parvenues à établir des portraits intimes, respectueux et sensibles de chaque famille, une documentation se démarquant des enquêtes habituelles.

Notre intention est de sortir le webdocumentaire par étapes, autour du deuxième anniversaire de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, entre Juillet et Août 2016. Dans un premier temps, nous pensons publier les histoires de cinq familles, puis viendront les cinq autres chapitres publiés aux dates exactes des attaques sur leurs maisons. Ceci devrait permettre de donner une plus grande visibilité aux histoires.

Deux ans après le cessez-le-feu, il est grand temps de rappeler à la communauté internationale le sort des survivants qui attendent que justice soit faite, de savoir pourquoi leurs êtres chers ont été tués, et qui vivent dans la peur de la prochaine guerre à venir.

Photo : Talal Majdalawi , 13 ans, qui a perdu deux de ses frères, une nièce et un cousin Ils ont grandi dans la même maison et étaient comme des frères et soeurs. Talal a été sérieusement blessé dans le bombardement qui a pris pour cible sa maison. Il est traumatisé, a des migraines chroniques et a des troubles de sommeil.

Qui sommes-nous ?

Anne Paq  : photographe française, membre du collectif photo Activestills, j’ai passé plus d’une décennie à couvrir des sujets en Palestine. J’ai visité la bande de Gaza à de nombreuses reprises depuis 2010. Mon travail a été publié entre autres dans le New York Times Lens, Paris Match, le Nouvel Obs, Stern, Al Jazeera English, le journal Haaretz, le Guardian. J’ai co-réalisé le court-métrage " “Bethlehem checkpoint, 4 am” (2007) et j’ai co-produit le documentaire primé “Flying Paper” (2013). Activestills est un collectif de photographes israéliens, palestiniens et internationaux, unis par la conviction que la photographie est un outil de changement politique et social.

Je dirige ce projet avec Ala Qandil, journaliste palestino-polonaise, ancienne correspondante de l’Agence de presse polonaise, qui a également documenté les deux dernières offensives militaires israéliennes dans la bande de Gaza. Elle a aussi travaillé avec divers médias polonais et internationaux, y compris Al Jazeera English et Middle East Eye. et elle apparaît régulièrement comme commentatrice pour la radio et la télévision polonaise. Elle a co-réalisé « Resistance Recipes », un documentaire sur la résistance par la cuisine en Palestine, Ala est co-fondatrice du Collectif de reporters, une initiative de journalistes polonais basés au Moyen-Orient ; Afrique et Asie ; dont le but est d’exposer le public polonais à une documentation de qualité sur les questions internationales.

Nous sommes heureuses d’annoncer que l’ONG française ACAT l’Action des Chrétiens Pour l’Abolition de la Torture, a accepté de soutenir notre travail. Cela garantit une plus grande exposition pour le projet.

Pourquoi financer le projet ?

Ce projet est la plus vaste documentation visuelle sur des familles dont plusieurs membres ont été tués lors de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza. Le résultat sera beaucoup plus intimiste que tous les reportages ou rapports d’ONG produits sur le sujet.

Le sujet est sensible. Les médias traditionnels, si désireux de couvrir les attaques, sont maintenant presque silencieux. Les traumatismes et les luttes pour la survie, consécutifs à l’offensive, ne sont pas assez sensationnels. Sans intérêt de la part des médias, nous devons nous tourner vers le public pour financer notre projet.

Nous n’avons que deux mois avant le deuxième anniversaire de l’offensive israélienne, et encore beaucoup de travail. Sans le financement, nous risquons de ne pas pouvoir respecter ce délai. Après près de deux années de travail acharné, nous voulons être certaines d’avoir les moyens adéquats pour finaliser le webdocumentaire de la meilleure façon possible.

A quoi servira la collecte ?

Au fil des jours, ce projet est devenu beaucoup plus important que nous ne l’avions imaginé. Mais nous avons décidé de ne ménager aucun effort, de ne rejeter aucune idée, qui permettraient de raconter ces histoires importantes d’une manière plus sensible et intéressante.

Nous avons donc embauché un web designer, des monteurs vidéo et des éditeurs de texte, des cameramen supplémentaires et des traducteurs. Nous avons encore besoin de l’aide de quelques professionnels pour finaliser le web documentaire.

Il sortira d’abord en deux langues - français et anglais, mais nous envisageons également une traduction limitée en polonais, et – si nous recueillons des fonds plus importants – une version en arabe.

Pendant près de deux années de travail, des dizaines de personnes ont rejoint notre équipe offrant leur temps, leurs compétences et leur énergie. Nous aimerions être en mesure de compenser leurs efforts au moins partiellement ; nous nous rendons compte que nous ne pourrons jamais rémunérer intégralement ce travail immense et extrêmement difficile à sa juste valeur - surtout pour nos amis de la bande de Gaza, qui ont toujours répondu présents pour participer aux traductions, rendre visite aux familles, réaliser des prises de vue vidéos supplémentaires et vérifier les faits.

Parce que l’aspect visuel du webdocumentaire est crucial, nous produisons 12 vidéos et un documentaire court sur le sujet. Il a fallu passer par les interviews et les séquences vidéos de près de 50 familles. Cela a pris beaucoup de nos ressources.

Nous, à savoir les deux co-réalisatrices, allons devoir travailler à plein temps au cours des deux prochains mois pour y arriver, ce qui signifie que nous ne serons pas en mesure de prendre des demandes de reportages rémunérées. Nous l’avons déjà fait dans le passé, mais maintenant nous avons besoin d’un plus grand soutien, également pour que l’équipe puisse être en mesure de se réunir pour finaliser le projet.

Voici la répartition de notre budget :

 Web design : 3200 €
 Frais de déplacement et autres dépenses pour les deux co-directeurs pour deux mois : 2200 €
 Montage vidéo : 1800 €
 Compensation pour les photographes, journalistes, traducteurs et autres collaborateurs dans la bande de Gaza : 1800€
 Traductions de tous les textes du webdocumentaire (la longueur d’un livre en moyenne) en deux langues : 2200 €
 Édition des textes en anglais et en français : 1200 €
 Préparation de l’exposition de photos et direction artistique : 300 €
 Coûts de post-production vidéos : 600 €
 Hébergement web pour 4 ans : 200 €
SOUS TOTAL 13 500 €

Nous devons également inclure la commission de Kiss Kiss Bank Bank qui est de 8% soit 1080 €.

TOTAL 14 580 €

Que ferons-nous avec plus de financement ?

Avec plus de financement, nous serons en mesure de consacrer plus de temps pour organiser des présentations du web-documentaire, et nous pourrons ajouter, pour :

16 000 € : des podcasts pour chaque épisode,

18 000 € : une version papier des 10 chapitres comprenant les textes et certaines des photos,

20 000 € : des podcasts, la version imprimée ainsi que l’embauche d’un éditeur vidéo pour éditer d’autres témoignages des familles et les ajouter en ligne à la section Bibliothèque de notre doc web,

23 000 € : une version arabe de notre doc web.

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