Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

Gaza, les chiffres-clés 2024

14 août 2024

Historique

La bande de Gaza est une région de 41 kilomètres de long et de 6 à 12 kilomètres de large, soit 365 km2, qui fait partie du territoire palestinien occupé. En 2005, Israël se retire unilatéralement de la bande de Gaza. L’armée israélienne se retire du territoire et les colonies sont démantelées.

Après le retrait des colons et la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de 2006, Israël considère la bande de Gaza comme une « entité ennemie ». Il impose depuis juin 2007 un blocus maritime, aérien et terrestre rendant la population quasi exclusivement dépendante de l’aide internationale. Il s’agit d’une punition collective, illégale selon le droit humanitaire international. L’Egypte limite les passages de personnes et de biens avec la bande de Gaza, particulièrement depuis 2013.

Au regard du droit international, la bande de Gaza est occupée par Israël qui contrôle les frontières, l’état civil, impose sa monnaie et restreint drastiquement la liberté de mouvement. Le blocus participe à la fragmentation du peuple palestinien et à l’oppression des Gazaouis par les autorités israéliennes, et constitue un élément de la situation d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien.

Avant le 7 octobre 2023, la bande de Gaza avait déjà subi de nombreux bombardements israéliens. Selon l’ONG palestinienne Al-Haq, 240 Gazaouis ont été tués en mai 2021, dont 63 % de civils et 37 % de combattants. Durant l’été 2014, 2 251 Palestiniens ont été tués, dont près de 65 % de civils parmi lesquels 551 enfants. Entre décembre 2008 et janvier 2009, 1436 Palestiniens de la bande de Gaza furent tués.

En août 2023, la bande de Gaza comptait 2,2 millions de personnes, dont 1,4 million de réfugiés (70 % de la population), élément central pour expliquer les dynamiques sociales et politiques à Gaza. Ce chiffre comprend les personnes expulsées lors de la Nakba en 1948 et leurs descendants. Elle est l’un des territoires les plus denses au monde avec 5 753 habitants au km2 (près de 40 000 dans les huit camps de réfugiés). En mai 2021, 71 % de la population avait moins de 30 ans. Les enfants (0 à 14 ans) représentaient 41 % de la population en 2022 selon le Palestinian Central Bureau of Statistics.

Une situation humanitaire catastrophique depuis le 7 octobre 2023

Après l’attaque du 7 octobre menée sur le territoire israélien par plusieurs groupes armés palestiniens dont le Hamas, qui a causé la mort de 1 195 personnes dont 815 civils et la prise en otage de 251 personnes selon l’Agence France Presse, l’armée israélienne a mené des représailles massives à l’encontre de la population gazaouie.

Selon des chiffres communiqués par le ministère de la santé de Gaza en juillet 2024, au moins 40 000 Palestiniens avaient été tués et 92 000 blessés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. D’après l’OCHA, environ 1,9 millions de Gazaouis avaient été déplacés en juillet 2024 dans la bande de Gaza, soit 90 % de la population du territoire.

Selon l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC), 495 000 personnes font face à un niveau catastrophique d’insécurité alimentaire (phase 5 de l’IPC) et 745 000 personnes subissent un niveau d’insécurité alimentaire d’urgence (phase 4 de l’IPC). D’après la FAO et UNOSAT, 63 % des terres cultivées et 33 % des serres ont été endommagées. Le Nutrition Cluster considère que 96 % des femmes et des enfants âgés de 6 à 23 mois ne répondent pas à leurs besoins nutritionnels. Environ 346 000 enfants âgés de moins de 5 ans et 160 000 femmes enceintes et allaitantes ont besoin de suppléments alimentaires et des micronutriments. Plus de 50 000 enfants ont besoin d’être traités en raison de la malnutrition aiguë dont ils souffrent. 88 % des écoles ont été endommagés, dont 53 % ont directement été prises pour cibles. Selon l’UNICEF, environ 17 000 enfants sont non accompagnés ou séparés de leurs familles. Le nombre d’enfants non accompagnés et séparés de leur famille à Gaza atteignait 3 à 5 % de l’ensemble de la population déplacée en août 2024, selon une évaluation de l’International Rescue Committee.

En matière d’eau et d’assainissement, deux des trois conduites d’eau d’approvisionnement en eau depuis Israël étaient partiellement opérationnelles (dans le centre et le sud du territoire) en juillet 2024. Deux des trois usines de désalinisation de l’eau étaient opérationnelles par intermittence.

En ce qui concerne l’accès aux soins, l’Union européenne indiquait en mai 2024 que 31 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits. La Banque mondiale estime que 84 % des équipements de santé ont été détruits ou endommagés. Les autres hôpitaux de Gaza ne fonctionnaient que partiellement et étaient soumis à de sévères restrictions. L’OMS dénombrait le 16 juin 2024 plus de 923 000 cas d’infection respiratoire aiguë et 527 000 cas de diarrhée.

Un rapport publié en juillet 2024 par l’ONG néerlandaise Pax souligne que des centaines de milliers de tonnes de déchets solides s’empilent dans les rues de la bande de Gaza, souvent à proximité des tentes des camps de déplacés. Ces déchets attirent les rongeurs et insectes, qui propagent des maladies infectieuses. L’incinération des déchets, méthode utilisée par les habitants pour gérer la situation d’urgence actuelle, aggrave la pollution de l’air, ce qui entraîne des problèmes respiratoires.

En mai 2024, plus de 586 000 cas d’infections respiratoires aiguës avaient été recensés depuis octobre 2023. En plus de l’incinération des déchets, les poussières créées par les destructions massives d’habitations et le phosphore utilisé dans des munitions israéliennes sont responsables de ces problèmes respiratoires.

86 % de la bande de Gaza faisait l’objet d’un ordre d’évacuation de l’armée israélienne en juillet 2024. Cela signifie qu’Israël s’attend à ce que les 2,1 millions de Palestiniens de Gaza ne trouvent refuge que dans 14 % du territoire. La densité atteint 30 000 à 34 000 personnes par kilomètre carré dans une « zone humanitaire » unilatéralement déclarée par Israël, petite et surpeuplée.

Avec 92 % des routes principales détruites ou endommagées en mai 2024 et des infrastructures de communication gravement détériorées selon la Banque mondiale, l’acheminement de l’aide humanitaire est devenu très difficile.

La Cour internationale de Justice a considéré dans son ordonnance rendue le 26 janvier 2024 qu’il existait un risque plausible de crime de génocide comme par Israël à l’encontre de la population de la bande de Gaza. La rapporteuse de l’ONU pour les droits humains dans le territoire palestinien occupé, Francesca Albanese, a quant à elle considéré dans un rapport publié le 25 mars 2024 que le crime de génocide était désormais caractérisé.

Économie et société

Le coût des dommages causés aux infrastructures critiques à Gaza depuis le 7 octobre 2023 est estimé à environ 18,5 milliards de dollars, selon un rapport publié en avril 2024 par la Banque mondiale et les Nations Unies, avec le soutien financier de l’Union européenne. Ce montant correspond à 97 % du PIB combiné de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en 2022. Le logement représente à lui seul 72 % du coût total des dégâts, devant les infrastructures de service public comme l’eau, la santé et l’éducation (19 %) et les dégâts causés aux bâtiments commerciaux et industriels (9 %).

Selon la Banque mondiale, 60 % des habitations et 80 % des commerces avaient été endommagés en janvier 2024. L’UNOSAT indiquait le 29 mai 2024 que 65 % du réseau routier était endommagé.

En août 2024, l’OCHA estimait que 625 000 élèves et étudiants à Gaza n’avaient plus accès à l’éducation. 477 écoles sur 564 (85%) avaient été directement touchées ou endommagées, nécessitant soit une reconstruction complète, soit des réparations importantes. Les 12 universités de Gaza avaient été bombardées. En avril 2024, au moins 95 professeurs d’université avaient été tués selon des experts de l’ONU, qui décrivent un « scolasticide ».

Le PIB par habitant était inférieur à 2000 dollars par an en 2022. Le salaire moyen à Gaza s’élevait à l’équivalent de 135 euros par mois en 2020.

Selon un rapport publié par la CNUCED en 2022, Gaza connaissait un taux de croissance de 3,4 %. D’après l’ONG israélienne B’Tselem, durant le premier trimestre de 2022, le taux de chômage avait atteint 47 %. Chez les moins de 29 ans, ce taux était de 75 %. Par ailleurs, environ 80 % des habitants de Gaza dépendaient de l’aide humanitaire et environ 60 % souffraient de l’insécurité alimentaire. En comparaison, en 2000, avant l’imposition du blocus, le taux de chômage à Gaza était de 18,9 %.

En août 2023, 96,2 % de l’eau à Gaza était contaminée et non-potable, augmentant fortement les risques de propagation de maladies. Les dommages causés à l’aquifère de Gaza sont irréversibles depuis 2020, notamment en raison du pompage excessif et de sa contamination par les eaux usées. L’infiltration de l’aquifère par l’eau de mer la rend aussi dangereuse pour la santé. 20 000 mètres de canalisations ont été endommagés en 2014.

L’électricité n’était déjà disponible que quelques heures par jour avant le 7 octobre 2023. En 2022, selon l’OCHA, on comptait environ 12 heures d’électricité par jour et 14 pour le début d’année 2023. De plus, toujours selon l’agence onusienne, en 2022, il manquait 244 mégawatts par jour pour subvenir aux besoins élémentaires des Gazaouis.



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