Mohammad Sabaaneh, qui a été un invité d’honneur de la Plateforme Palestine lors de l’exposition « La Palestine en dessins » en novembre 2018, s’est fait dérober ses oeuvres lors d’un événement à la Cour pénale internationale.
Le 2 décembre, l’artiste palestinien Mohammad Sabaaneh a eu le plaisir de se rendre au siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye pour y présenter une exposition de son art, installée dans les couloirs de la Cour lors de la 18e session de l’Assemblée des États parties à la CPI pour le statut fondateur de la Cour. L’État de la Palestine est membre de la CPI depuis 2015 et il a plusieurs dossiers importants qui sont déposés devant la Cour.
L’intérêt pour l’exposition, dans laquelle Sabaaneh fait jouer sa plume d’expert dessinateur et un sens aigu de l’injustice et du surréalisme, était élevé. Mais deux nuits plus tard, l’exposition a soudainement disparu – hors des couloirs de la Cour !
L’ambassadeur de la Palestine au Pays-Bas (et à la CPI), Rawan Sulaiman, s’est dit choqué qu’un acte aussi éhonté de dissimulation de l’expression ait pu avoir lieu dans les propres locaux de la CPI. L’exposition était organisée par l’État de Palestine et par l’organisation palestinienne de défense des droits humains Al-Haq, et, bien entendu, à l’invitation de la CPI.
Les administrateurs de la CPI, alertés par la disparition des œuvres d’art, ont lancé une recherche et les ont retrouvées, rangées dans un autre endroit, toujours à l’intérieur du bâtiment. Ils ont remonté l’exposition, et cette fois, ils ont assuré à l’ambassadeur Sulaiman qu’elle serait sous la protection de la police.
Dans une déclaration publiée ce jour, le ministre palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés a déclaré :
« Je condamne dans les termes les plus forts cet acte de haine. Nous le considérons comme une tentative désespérée de réduire au silence la voix des victimes palestiniennes, qui est si puissamment reflétée dans l’exposition. L’œuvre d’art du dessinateur palestinien, de renommée internationale, Mohammad Sabaaneh, représente l’impact des politiques et pratiques criminelles de l’occupation israélienne sur les victimes dans la situation de la Palestine. »
Le ministre a également indiqué qu’il avait été officiellement informé que la Cour menait actuellement une enquête sur ce grave incident, ajoutant, « Nous attendons de cette enquête qu’elle soit approfondie et transparente et que des mesures fortes soient prises à son issue ».
Mohammad Sabaaneh est l’auteur de la collection de dessins humoristiques White and Black, Political Cartoons from Palestine (publiée au Royaume-Uni sous le titre de Palestine in Black and White). Il est lui-même un ancien prisonnier politique des Israéliens, ayant été détenu par les autorités militaires israéliennes en Cisjordanie pendant cinq mois sans aucun jugement, en 2013. Il est également le représentant régional pour le Moyen-Orient de Cartoonists Right Network International, et il a été un fervent défenseur des droits des dessinateurs emprisonnés ou harcelés dans de nombreux pays de la région.
Le vandalisme apparemment perpétré contre l’exposition de Sabaaneh à La Haye n’est que le dernier exemple d’une campagne sans concession de dissimulation de l’expression que subit depuis de nombreuses décennies quiconque s’exprime en faveur des droits de l’homme des Palestiniens.
En tant qu’admirateurs de longue date de l’œuvre de Sabaaneh, nous, Just World Educational, rejoignons l’appel international pour que la CPI conduise une enquête approfondie et transparente sur cet incident et qu’en réponse, elle prenne des mesures les plus fortes possibles. La voix des Palestiniens ne doit pas être réduite au silence !
Les dessins de M. Sabaaneh mettent en brochette à la fois le système des tribunaux militaires d’Israël et l’inaction de la CPI face aux violations des droits des Palestiniens.
Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine
Visuel : M. Sabaaneh à l’Assemblée des États parties à la CPI.
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