Cycle de formation sur le montage et la gestion de projets de développement
Session 1
Philippe FENOT - philippe.fenot@consultants-sans-frontieres.org
Programme de la session
- Introduction à la gestion de projet
- Identification du projet de développement
Qu’est-ce qu’un projet de développement ?
- Ensemble organisé et cohérent d’activités…
- menées collectivement…
- limitées dans le temps et l’espace…
- mobilisant des moyens dédiés et…
- visant à la production d’un objet-but…
- concourant à améliorer la situation d’un groupe de bénéficiaires.
Schématisation des étapes du cycle de projet
Source : Guide pratique de sensibilisation à la gestion d’un projet de solidarité internationale à destination des acteurs en région Nord - Pas de Calais, Édition 2009
Étape 1 : Identification du projet de solidarité
L’identification (ou prospection) est la première étape du montage de projet. Elle permet de tester l’idée de projet et d’en préciser les contours.
La phase d’identification vise ainsi à :
- Identifier une idée de projet pertinente et cohérente,
- Apprécier la pertinence et la faisabilité de cette idée de projet,
- Réunir les principales informations nécessaires à la planification du projet.
Au fait, comment nait l’idée d’un projet ?
Source : Guide pratique de sensibilisation à la gestion d’un projet de solidarité internationale à destination des acteurs en région Nord - Pas de Calais, Edition 2009
Comment concevoir un projet ?
Quelques étapes à ne pas négliger.
A partir d’une idée de projet, plusieurs activités sont nécessaires, notamment :
- Analyser le contexte dans lequel s’insérerait l’action de solidarité
- Analyser et évaluer les besoins de la population cible
- Identifier et impliquer les différents acteurs en présence
- Diagnostiquer la problématique : les problèmes, les causes & les effets et la stratégie d’intervention
1. Analyser le contexte dans lequel s’insérerait l’action de solidarité
Pourquoi ?
- Avoir une compréhension aussi fine que possible du contexte : géographique, géopolitique, humanitaire, socio-économique, juridique et légal, environnemental, culturel…
Comment ? Pistes de réflexion :
- Analyser les atouts du territoire que le projet pourrait être amené à valoriser,
- Analyser le contexte socio-économique à l’aide des études réalisées par des institutions spécialisées, les universités…
- Analyser le jeu des acteurs en présence. Quels sont les acteurs sur la zone d’intervention ? Quels sont leurs enjeux respectifs ?
- Analyser les politiques publiques avec lesquelles le projet devrait être en cohérence.
- Se renseigner sur les projets qui ont déjà été réalisés par d’autres acteurs.
2. Analyser et évaluer les besoins de la population cible
Les bénéficiaires, qui sont-ils ?
Il s’agit des personnes concernées directement ou indirectement par les améliorations qu’amènera le projet. La plupart des projets de développement local ont pour bénéficiaires directs et indirects les habitants d’un quartier ou d’un village.
Critères à prendre en compte pour déterminer et circonscrire la population bénéficiaire : la composition, l’origine, la zone géographique, l’activité, l’âge, ou encore le niveau d’instruction.
3. Identifier et impliquer les acteurs en présence
Il s’agit de :
- Identifier les acteurs qui pourraient être les parties prenantes du projet,
- S’appuyer sur leurs connaissances, pour s’assurer, notamment, que les problèmes identifiés constituent de réels problèmes pour la population,
- S’assurer de leur adhésion, de leur implication et leur motivation dans le futur projet, et ainsi garantir la viabilité du projet.
Trois outils sont couramment utilisés pour identifier les acteurs en présence :
- L’Analyse des Parties Prenantes
- Le tableau des acteurs
- L’analyse qualitative SWOT : Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités) & Threats (menaces)
Analyses des Parties Prenantes
Source : Manuel de Gestion du Cycle de Projet de la Commission Européenne, Mars 2004
Le tableau des acteurs
Matrice SWOT
Il s’agit de remplir un tableau décrivant les principaux facteurs pouvant avoir des effets significatifs sur le projet :
- les facteurs positifs sur lesquels on pourrait s’appuyer pour bâtir le projet (atouts et opportunités), et les facteurs négatifs sur lesquels on devrait agir ou auxquels on devrait faire attention (faiblesses et menaces) ;
- les facteurs internes sont endogènes aux acteurs de la coopération et on peut en avoir une certaine maîtrise ; les facteurs externes proviennent de l’extérieur et on ne les contrôle pas.
Exemple de matrice SWOT
Source : Manuel de Gestion du Cycle de Projet de la Commission Européenne, Mars 2004
4. Diagnostiquer la problématique
Il s’agit d’ :
- Identifier la problématique principale,
- Identifier ses causes et ses conséquences,
- Identifier et formaliser les objectifs du projet de solidarité.
Outils utilisés pour diagnostiquer la problématique :
- L’arbre à problèmes
- L’arbre à objectifs
- L’arbre des stratégies
- L’arbre à problèmes
L’analyse des problèmes est le préalable indispensable à la définition des objectifs que le projet devra atteindre. Cet outil permet d’analyser et hiérarchiser un problème en mettant l’accent sur les liens de causalité, en utilisant une image, celle de l’arbre.
Il est fortement conseillé de travailler en groupe, de façon interactive.
Principales étapes de l’arbre à problèmes :
- Réaliser un brainstorming pour identifier les problèmes de base du (ou des) groupe(s) cible(s) et identifier les problèmes/contraintes associés.
- Partir des résultats du brainstorming de problèmes, pour déterminer par tâtonnements le problème central, en testant un 1er problème comme tronc d’arbre, et s’il est constaté un déséquilibre dans l’arbre, il conviendra de revoir le choix initial.
- Analyser et identifier les relations de causes à effets. Établir une hiérarchie de causes et d’effets :
o les causes : les problèmes qui engendrent le problème central (en bas sur le graphique)
o les effets : les effets induits par ce problème central (en haut)
Schématisation de l’arbre à problèmes
Exemple d’arbre à problèmes
Source : Manuel de Gestion du Cycle de Projet de la Commission Européenne, Mars 2004
L’arbre à objectifs
- Qu’est-ce que c’est ?
L’analyse des objectifs se fait par l’outil « jumeau » de l’arbre à problèmes : l’arbre à objectifs, encore appelé l’arbre à solutions.
Cet outil permet d’identifier et de hiérarchiser les objectifs et les actions pour les atteindre.
- Comment construire un arbre à objectifs ?
Étape 1 : reformuler toutes les situations négatives de l’analyse des problèmes en situations souhaitables et réalistes
Étape 2 : vérifier la relation moyens/fins pour s’assurer que la hiérarchie est pertinente et complète (les relations de cause à effet sont transformées en liens moyens/fins)
Étape 3 : si nécessaire :
- Revoir les affirmations
- Ajouter de nouveaux objectifs s’ils semblent adaptés et nécessaires pour atteindre l’objectif à un niveau directement supérieur
- Supprimer des objectifs qui semblent inadaptés ou inutiles
Exercice pratique
A partir de l’exemple d’arbres à problèmes,
- Identifier les solutions : identifier une solution par problème
- Identifier l’objectif du projet ou objectif spécifique (solution au problème central du projet)
- Identifier les objectifs généraux du projet (partie haute de l’arbre)
- Identifier les résultats et les activités du projet (partie basse de l’arbre)
Une fois que la logique entre les objectifs généraux, l’objectif spécifique, les résultats et les activistes est vérifiée, recopier l’arbre à objectifs sur un papier.
Source : Manuel de Gestion du Cycle de Projet de la Commission Européenne, Mars 2004
L’arbre des stratégies
Qu’est-ce qu’une Stratégie ?
Selon le dictionnaire Larousse, la stratégie, c’est “l’art de combiner habilement des actions pour atteindre un but déterminé”.
Choisir une stratégie, c’est donc choisir le chemin qui vous semble le plus pertinent.
Les racines de l’arbre à objectifs représentent différentes stratégies complémentaires pour atteindre les objectifs. En faisant ressortir les différentes stratégies à partir des principales racines, il est possible de choisir celles sur lesquelles l’ONG peut (ou veut) intervenir.
Quelle stratégie d’intervention retenir ?
Étape 1 : Analyse de la faisabilité financière, politique, sociale et institutionnelle.
- Peut-on mobiliser les moyens qui permettent d’atteindre les objectifs fixés, d’obtenir les résultats attendus et de réaliser les activités ?
- Quelles sont les ressources locales qui peuvent être mobilisées ?
- Le contexte est-il favorable à la réalisation du projet ?
- Pour quel type de stratégies les acteurs principaux ont-ils le plus grand intérêt ?
- Quelles sont les initiatives déjà existantes pour faire face à ce problème ?
- Quelle est la stratégie qui correspond le mieux à nos champs de compétences ?
Étape 2 : Vérification de la viabilité des actions retenues.
- Viabilité technique : la stratégie est-elle réalisable techniquement ?
- Viabilité économique : la stratégie est-elle basée sur un équilibre économique qui lui permettra de durer ?
- Viabilité sociale : des conflits antérieurs entre les bénéficiaires risquent-ils de remettre en cause la viabilité du projet ?
- Viabilité juridique : la stratégie est-elle conforme aux lois et règlements en vigueur ?
Exercice pratique
A partir de l’exemple d’arbres à objectifs,
- Identifier une ou deux stratégies
- Quelle stratégie d’intervention choisiriez-vous ?
- Pourquoi ?