L’examen d’un projet de résolution sur "les capacités et la menace nucléaires d’Israël" présenté par quinze pays arabes et soutenu notamment par l’Iran a été ajourné sine die à l’issue d’une manoeuvre de procédure initiée par le Canada et l’Union européenne (UE).
La proposition d’ajournement a été adoptée par 45 pays, principalement occidentaux, contre 29 et 19 abstentions.
La présidence finlandaise de l’UE a motivé son souhait de voir ce point ajourné en invoquant une "politisation" des débats "en rupture avec le consensus" d’usage au sein de l’AIEA.
"Le consensus nous a échappé en dépit des efforts de nombreuses parties" pour trouver un compromis, a également déploré le président de séance, le Sud-Africain Abdul Minty.
Les pays arabes, qui n’avaient plus fait inscrire de tel projet de résolution à l’ordre du jour de l’AIEA depuis 1992, ont indiqué avoir été encouragés dans cette démarche par les récents bombardements israéliens au Liban.
Le texte exigeait "l’adhésion d’Israël au TNP (Traité sur la non-prolifération) afin d’assurer un caractère universel au TNP au Moyen-Orient et de permettre la mise en place d’une zone sans armes nucléaires dans cette région".
L’Etat hébreu, qui ne reconnaît pas officiellement avoir l’arme nucléaire, possède selon une majorité d’experts au moins 200 bombes atomiques et est le seul état du Moyen-Orient à avoir choisi de rester en dehors du TNP.
La priorité, a fait valoir son ambassadeur Israël Michaeli, "est d’obtenir la paix et la stabilité et non le contrôle des armes en soi".
L’initiative des pays arabes mettait dans l’embarras les pays occidentaux, qui ont fait adopter en début d’année une condamnation par l’AIEA du programme nucléaire iranien, mais qui ne souhaitent pas stigmatiser Israël.
La Syrie, un des principaux promoteurs du projet de résolution, a jugé "consternant" cet ajournement, estimant qu’il illustrait "de façon assez manifeste le deux poids-deux mesures en matière" nucléaire.
La dernière résolution de l’AIEA mettant en cause Israël, également à l’initiative de pays arabes, remontait à 1991. Une autre tentative avait déjà été ajournée sine die en 1992.
Depuis lors, les Etats arabes avaient chaque année menacé de présenter un projet de résolution contre Israël, mais avaient accepté de les retirer en échange du soutien par ce pays d’un appel en faveur d’un Proche-Orient sans armes nucléaires proposé par l’Egypte.
Corollaire au maintien du projet de résolution arabe, Israël et les Etats-Unis ont voté contre, pour la première fois depuis 1991, une nouvelle version de ce texte. Celui-ci a été adopté par 89 voix contre 2 et 3 abstentions.
L’ambassadeur américain auprès de l’AIEA a jugé que le recours au vote constituait "une triste façon" de conclure la 50ème assemblée générale de l’AIEA, qui a rassemblé cette semaine à Vienne les 141 pays membres de l’agence.
Comme par le passé, l’assemblée générale a toutefois adopté par consensus vendredi une résolution demandant à la Corée du Nord "l’abandon de toutes ses armes nucléaires et de ses programmes nucléaires" et le retour "sans conditions préalables" de Pyongyang aux négociations multipartites sur son programme nucléaire, ainsi qu’une reprise de sa coopération avec l’AIEA.
La Corée du Nord, qui a expulsé des inspecteurs de l’AIEA en décembre 2002 avant de se retirer du TNP un mois plus tard, fait de la levée de sanctions financières le préalable à son retour à la table des négociations multipartites qui visent en vain depuis août 2003 à la convaincre de renoncer aux armements nucléaires.