L’ONG israélienne Adalah s’élève contre la décision : « Les prisonniers palestiniens n’ont aucun droit à la protection contre la COVID 19 par distanciation sociale ».
La Cour suprême d’Israël s’est prononcée contre la requête réclamant que le Service des prisons israélien (SPI) mette en oeuvre à la prison de Gilboa les ordres de distanciation sociale, à la suite de l’épidémie de coronavirus.
Adalah – Le Centre Juridique pour les Droits de la Minorité Arabe - a déposé la requête au nom des familles de deux prisonniers palestiniens qui sont détenus à la prison, où actuellement 30 gardiens de prisons et sept prisonniers sont contaminés par le coronavirus et où 489 gardiens et 58 prisonniers sont en quarantaine.
Adalah s’est élevé contre la décision du tribunal étant donné qu’elle statue essentiellement que les « prisonniers palestiniens n’ont aucun droit à la protection contre la COVID-19 par distanciation sociale ».
Selon l’association, le tribunal a entériné la description des faits de l’État, qui prétend que les prisonniers palestiniens « ne sont aucunement différents des membres d’une famille ou des co-locataires habitant le même logement ».
Ce point de vue, a déclaré Adalah, « (ignore) entièrement le fait que les prisonniers sont détenus sous la contrainte et que les autorités israéliennes sont responsables de leur santé et des conditions de leur incarcération ».
« La Cour suprême d’Israël a choisi d’accepter la fiction qui lui a été présentée par les autorités israéliennes selon laquelle les pratiques de distanciation sociale liées à la COVID-19 – essentielles pour tous les autres - ne sont pas pertinentes pour les « prisonniers de sécurité » palestiniens qu’il retient derrière les barreaux » a déclaré l’avocate de Adalah, Myssana Morany, dans un communiqué.
Morany a exprimé sa préoccupation au sujet du précédent que créerait la décision, en disant qu’elle « met en danger la vie et la santé des Palestiniens détenus par Israël – et constitue une menace pour la société dans son ensemble ».
« Elle va à l’encontre des professionnels de la santé et des droits de l’homme dans le monde qui ont demandé l’usage de la distanciation sociale dans les prisons, et laisse les Palestiniens détenus par Israël exposés au virus sans possibilité de se protéger », a-t-elle déclaré.
La prison de Gilboa est l’une des dizaines de prisons et centres de détention israéliens où sont détenus des milliers de prisonniers politiques palestiniens. En mai, il y avait 4.236 prisonniers palestiniens détenus dans ces installations.
En outre, Adalah déclare que le SPI continue à ignorer une décision antérieure de la Cour Suprême déclarant que les installations pénitentiaires israéliennes doivent garantir un espace minimal de vie de 4,5 mètres carrés (par prisonnier).
A la prison de Gilboa, chaque cellule a une superficie d’environ 22 mètres carrés, et contient au moins six prisonniers, qui partagent des toilettes et une salle de bains.
Des associations de défense des droits comme Adalah ont fait valoir que les conditions dans les prisons israéliennes rendent impossible le respect des lignes directrices sur la distanciation sociale, en exposant la santé et la sécurité des prisonniers à un risque accru de contamination.
Malgré la COVID-19, Israël a continué à mener des opérations de fouille et d’arrestation dans les territoires occupés, en arrêtant des centaines de Palestiniens ces derniers mois.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS
Visuel : PRISON GUARD WALKING PAST PALESTINIAN PRISONERS IN OFER PRISON, OUTSIDE THE WEST BANK CITY OF RAMALLAH. FEBRUARY 13, 2012. (PHOTO : MOSHE SHAI/FLASH90)
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