En ce dimanche 17 juin, nous nous apprêtions à accueillir deux petits bateaux faisant route vers Gaza. Ces bateaux transportaient des militants étrangers qui souhaitaient marquer leur solidarité avec la population de Gaza qui vit depuis bien longtemps une situation tragique. Avec de nombreux Parisiens, nous voulions leur dire notre sympathie et notre considération sur le quai prévu pour notre rencontre.
Cette escale a été interdite. Les bateaux ont été arraisonnés et conduits sous bonne escorte policière, loin de nous. Nous n’avons pu que les saluer de loin.
Nulle raison ne saurait être invoquée pour cette interdiction de fait. En vertu de quel principe interdit-on à un bateau voguant sur la Seine d’accoster. De quel droit l’interdit-on à des militants qui demandent simplement justice ? Ces marins ne demandent rien d’autre que la levée du blocus de cette bande de terre, densément peuplée, quasiment dépourvue d’eau potable et d’électricité. Ces marins ne veulent rien d’autre que porter assistance à peuple en danger, règle fondamentale de l’humanité.
Plusieurs initiatives ont été prises par le passé. Des dizaines de bateaux, dans lesquels avaient pris place des personnalités prestigieuses avaient tenté d’accoster à Gaza. Ils ont été systématiquement arraisonnés, souvent de manière brutale. Ces arraisonnements se sont même soldés par l’abordage, en 2010, d’un bateau turc, le Mavi Marmara, et la mort de neuf de ses passagers !
Cela ne nous a pas surpris. Nous connaissons le peu de cas que fait l’armée israélienne de la légalité et de la justice internationale.
Mais que l’on arraisonne deux petits bateaux transportant des militants parfaitement pacifiques au cœur de Paris est de nature à nous inquiéter. L’Hybris israélienne aurait-telle trouvé droit de cité en France ?
Gaza se meurt. Sous l’effet des multiples assauts militaires et du blocus israélien, la CNUCED, organe de l’ONU chargé des questions de développement et du commerce estime que cette bande de terre pourrait devenir invivable en 2020. Serait-ce le but poursuivi par les apprentis sorciers d’Israël ? Caresseraient-ils le rêve d’être débarrassés, presque sans coup férir, de deux millions de Palestiniens ?
La complicité des nations, et même leur inaction, leur vaudront de passer devant le grand tribunal de l’Histoire. Et surtout, qu’ils ne comptent pas sur l’oubli.
Nous n’oublierons pas !
Christiane Hessel
Brahim Senouci
Campagne en cours