Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

Destruction d’oliviers - Campagne de soutien aux agriculteurs palestiniens

13 mars 2019 - YMCA Jérusalem-Est

La Campagne de l’olivier – Garder vivant l’espoir

Les Palestiniens des territoires occupés subissent en permanence la destruction de leurs oliviers et de leurs moyens d’existence. L’Initiative Commune de Plaidoyer des YMCA-YWCA (Mouvements chrétiens de jeunes gens et de jeunes femmes, l’équivalent de nos UCJG[1]) consiste à replanter des oliviers pour venir en aide aux paysans palestiniens. Voici ce que vous devez savoir sur la situation et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions réagir et nous lever (Koumi !) ensemble.

L’Initiative Commune de Plaidoyer des YMCA-YWCA vise à faire connaître à des partenaires et à des militants internationaux les réalités de la vie sous occupation en Palestine, par le biais des médias, de visites en Palestine, de programmes d’échange, de tournées de plaidoyer et toutes sortes d’événements et des campagnes en vue d’influencer les décideurs et d’intervenir auprès d’eux.

Plus concrètement, l’Initiative Commune de Plaidoyer organise la Campagne de l’olivier en distribuant à des paysans de jeunes plants d’oliviers parrainés par des gens du monde entier, comme une action de solidarité et de soutien pour aider à « Garder vivant l’espoir ». Les paysans soutenus sont ceux qui souffrent des diverses politiques et mesures israéliennes qui menacent d’expropriation leurs terres et leurs propriétés. Ces mesures vont du mur d’apartheid à la construction et à l’expansion des colonies, aux routes de contournement réservées aux seuls colons, aux attaques par des colons, aux interdictions d’accès des paysans à leurs propres terres, aux expropriations de ces terres et au déracinement d’oliviers.

L’Initiative Commune de Plaidoyer diffuse largement les récits de ces paysans et rend compte des attaques israéliennes contre des terres palestiniennes, des paysans et des oliviers, y compris ceux qui ont été plantés dans le cadre de cette campagne. Les partenaires, sponsors et amis de l’Initiative Commune de Plaidoyer sont tenus informés des violations israéliennes concernant les oliviers et sont invités à agir en conséquence. La campagne est donc un outil de formation, de lobbying et de plaidoyer en plus de sa fonction d’outil de développement qui aide les paysans palestiniens à rester sur leurs terres et à gagner leur vie.

La situation

Dans l’ensemble du bassin méditerranéen, l’olivier est un moyen traditionnel d’existence et d’alimentation. En Palestine, environ 1000 kilomètres carrés de terres sont plantés d’oliviers. Un olivier produit en moyenne 9 kilos d’olives qui donnent 2 litres d’une huile aux nombreux usages : nourriture, huile sacramentelle, carburant, ou encore ingrédient de pommades à usage médical. L’olivier est simple et peu exigeant : il pousse sur des sols pauvres, produit un fruit précieux et peut vivre plus de mille ans. Au cours de l’histoire, le rameau d’olivier a été utilisé comme symbole de paix. Avec la vigne et le figuier, l’olivier est aussi symbole de sagesse, de prospérité et de bonheur.

Pourtant, en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza, les oliviers sont fréquemment déracinés et détruits. Les paysans palestiniens souffrent le pire du fait des destructions causées par ces politiques et ces pratiques israéliennes. « Raisons de sécurité », c’est l’excuse donnée par les Israéliens pour déraciner des arbres, alors qu’en fait ils sont détruits pour l’expansion des colonies israéliennes et de leurs routes de contournement, pour la construction du « mur d’apartheid » d’Israël, et aussi du fait de la violence de colons israéliens en Cisjordanie occupée.

Depuis 2001, Israël a, par son armée et ses colons installés en Cisjordanie et auparavant aussi à Gaza, déraciné, incendié et détruit des centaines de milliers d’oliviers appartenant à des fermiers et à des propriétaires terriens palestiniens. La plupart de ces arbres avaient survécu durant des centaines d’années et donné leurs fruits à ceux qui avaient peiné et travaillé pour prendre soin d’eux.

Malgré la destruction des bases mêmes de leur existence et la violence sans cesse croissante en Terre Sainte, beaucoup de femmes, d’hommes et d’enfants palestiniens s’activent à rebâtir leur société et ses structures sans recourir à la violence.

Un récit : Souad Ali, paysanne palestinienne de Beit Omar en Cisjordanie

Souad avait 7 ans lorsqu’elle a commencé à travailler sur la ferme. Elle n’est jamais allée à l’école et ne connaît rien d’autre que la vie de paysanne. Dans sa jeunesse, la vie d’un paysan palestinien était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Avant 1967, les bouleversements apportés par l’occupation et la colonisation israéliennes n’existaient pas.

En ces temps-là, les terres de Souad étaient couvertes de cultures variées, d’arbres fruitiers et d’amandiers, de tomates et de légumes. Du fait des contraintes, des démolitions et du manque d’eau, ce n’est plus le cas. Dans le temps, Beit Omar gérait le plus important marché de légumes du sud de la Cisjordanie. Ce n’est plus le cas.

Aujourd’hui, l’accès à Jérusalem n’est plus possible en raison des checkpoints de l’armée, et les paysans ne peuvent plus vendre en ville ce qu’ils produisent. Ils le font donc le long de la route 60, la grande route qui relie Jérusalem à Hébron.

« La vie de paysan est devenue pénible », dit Souad. « Nous travaillons très dur, dans des conditions difficiles, et nous recevons peu en retour. On tue nos chèvres et on détruit nos arbres. Mais nous ne pouvons pas quitter nos terres : ce sont elles qui nous permettent de vivre, et l’olivier béni est notre symbole sacré ».

Des paysannes et des paysans comme Souad peuvent tirer profit de toute aide qui leur est accordée pour garder vivantes et la terre palestinienne et leur espérance. C’est cela la mission de la Campagne de l’olivier.

Action

Plantez ou mettez le nom d’un arbre dans votre jardin et/ou devant votre maison, votre lieu de culte ou votre institution, comme geste de solidarité avec la Palestine, et appelez-le « Arbre d’espoir et de paix dans la justice pour le monde entier - Une idée de paysans palestiniens ». Mettez devant l’arbre un panneau bien visible par tous.
Nous invitons aussi chacun à parrainer un olivier en Palestine. Un parrainage de 20 € couvre le prix d’un jeune plant, son acquisition, la plantation et l’information des paysans sur les meilleures techniques d’amélioration de la culture de l’olivier. La somme couvre aussi le prix d’un certificat officiel, d’une étiquette avec le nom du parrain à placer dans le champ où l’arbre sera planté, et divers autres coûts liés au projet.
Chaque parrain recevra un certificat de reconnaissance de l’Initiative Commune de Plaidoyer ou de l’organisation partenaire du pays de chacun, en plus d’avoir son nom sur une plaque dans le champ où ses arbres seront plantés. Les enregistrements de parrainages sont accessibles en ligne, ce qui permet aux gens de taper leur nom et de savoir où leurs arbres seront plantés. Vous pouvez aussi écrire à : olivetree@jai-pal.org

Pour parrainer un olivier il suffit d’aller sur le site suivant et de suivre les instructions : http://www.jai-pal.org/index.php/en/campaigns/olive-tree-campaign/sponsor-trees
Que vous plantiez votre arbre ou que vous en parrainiez un, ou que vous fassiez l’un et l’autre, prenez des photos et faites savoir ce que vous avez fait pour encourager d’autres à faire de même. Diffusez vos photos sur les médias sociaux avec le message : « J’ai planté/parrainé cet arbre pour les paysans palestiniens. » Joignez un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #TreeofHope, #KumiNow, et #Kumi21.

Un texte de Tawfiq Zayyad : « Sur le tronc d’un olivier »

Parce que je pourrais me faire arrêter n’importe quand, et que ma maison pourrait recevoir la visite de la police pour une fouille et une « purge »,
Parce que je ne peux pas me permettre d’acheter du papier, je graverai tout ce qui m’arrive et tous mes secrets dans l’écorce de l’olivier de mon jardin.
Je graverai mon histoire, le récit de ma tragédie et de mes soupirs sur ma terre et sur les tombes de nos morts.
Et je graverai toute l’amertume à laquelle j’ai goûté, afin qu’elle soit effacée par un dixième seulement de la douceur qui reste encore à venir.
Je graverai le numéro d’enregistrement de chaque parcelle de terrain qu’on nous a volée.
Et l’endroit où se trouve mon village, et ses limites.
Et les maisons qui ont été détruites.
Et mes arbres qui ont été déracinés.
Et chaque fleur sauvage qui a été foulée aux pieds.
Et les noms de ceux qui excellaient dans l’art de jouer avec mes nerfs et de me couper le souffle.
Et les noms de mes prisons.
Et la marque des menottes qui ont été fermées sur mes poignets.
Et les fiches de mes errances.
Et chacune des insultes qui ont été déversées sur ma tête.
Et je graverai : Je n’oublierai jamais Kafr Qasim.
Et je graverai : Le souvenir de Deir Yassin est enraciné en moi.
Et je graverai : Nous avons atteint le comble du malheur, il nous a épuisés, mais nous le vaincrons.
Et je graverai tout ce que me dira le soleil.
Et ce que me murmurera la lune.
Et ce que dira l’oiseau perché sur le puits, le puits où les amoureux ne sont jamais revenus.
Afin de ne pas oublier, je continuerai à graver toutes les pages de ma tragédie, et toutes les phases de la Catastrophe, depuis la façon dont elle commencé jusqu’à la catastrophe totale qui nous frappe maintenant,
sur l’olivier du jardin de ma maison.

« Sur le tronc d’un olivier », de Tawfiq Zayyad, homme politique palestinien, ancien membre de la Knesset israélienne et bien connu pour sa « poésie de protestation ».


[1] Membres de l’Alliance mondiale des YMCA (Young Men’s Christian Associations), les UCJG (Unions chrétiennes de jeunes gens) sont des associations œcuméniques d’inspiration protestante.


Visuel : Programme de plantation d’oliviers en Palestine, crédit YMCA




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