Il y a un siècle, dans la foulée des accords Sykes-Picot et de la déclaration Balfour, les puissances coloniales aidaient des régimes féodaux à prendre le pouvoir dans la Péninsule Arabique. Le deal était simple : ces régimes féodaux, esclavagistes, patriarcaux, théocratiques et obscurantistes, gardiens des Lieux saints musulmans, étaient chargés d’assurer la « sécurité » (pour le compte de l’Occident) des richesses pétrolières.
Un siècle plus tard, les dynasties se sont considérablement enrichies et participent totalement à la mondialisation capitaliste. Elles exploitent sans vergogne des millions d’immigré.es et martyrisent les peuples qui osent leur résister, comme on le voit au Yémen. Ces dictatures sont bien sûr des alliés inconditionnels de Trump qui a absout sans problème le prince héritier MBS d’Arabie Saoudite de ses assassinats par trop visibles.
En 1981, le plan Fahd (du nom du roi d’Arabie Saoudite de l’époque) osait proposer timidement une paix basée sur un retrait d’Israël de tous les territoires conquis en 1967 en échange d’une reconnaissance d’Israël dans ses frontières d’avant 1967.
Tous ces pays, ainsi que le régime égyptien, ont totalement basculé dans le camp de l’ultralibéralisme occidental et dans la complicité avec Israël contre les Palestiniens. Si les masses des pays arabes ont très souvent affirmé leur solidarité avec le peuple palestinien, une bonne partie de leurs dirigeants se sentent suffisamment forts pour exiger aujourd’hui des Palestiniens qu’ils capitulent sur l’ensemble de leurs droits.
Les Émirats, tête de pont du plan Trump
La diplomatie Trump vient de remporter un succès apparent dans l’affichage de l’axe anti-Iran : elle a obtenu qu’après la Jordanie et l’Égypte, les Émirats Arabes Unis établissent des relations « normales » avec Israël.
Cette acceptation des violations successives par Israël du droit international (refus du droit au retour, Jérusalem capitale, colonisation des territoires occupés, crimes contre l’Humanité, enfermement de Gaza…) est pour les Émirats un déni des proclamations précédentes signées, dans le cadre de la Ligue arabe notamment. Peu importe pour le roi Khalifa ben Zayed.
Divers médias essaient de nous vendre cet accord comme permettant d’éviter l’annexion pure et simple de la Cisjordanie, alors que le maintien du régime militaire israélien en Cisjordanie, la délégation du service de sécurité à l’Autorité Palestinienne et la loi sur Israël État-nation du peuple juif ont officialisé une annexion de fait et un État d’apartheid.
La tentative de masquer la réalité à l’œuvre et la collaboration de deux régimes appartenant au même camp est dérisoire. Et bien évidemment, ni la société civile palestinienne, ni le Hamas, ni l’ensemble des organisations membres de l’OLP ne s’y sont trompés. La Palestine rejette unanimement cette mascarade et cette preuve supplémentaire que ces régimes sont ses ennemis. La société palestinienne ne s’est pas écroulée et elle ne s’écroulera pas. « Vivre, c’est résister », répète-t-on obstinément là-bas.
L’Union Juive Française pour la Paix réaffirme son soutien à la lutte du peuple palestinien pour l’ensemble de ses droits et salue sa résistance multiforme qui se développera malgré cette nouvelle traîtrise d’un régime émirati lui-même coupable de bien des crimes. Elle salue aussi les anticolonialistes israéliens qui ne sont pas dupes de la manœuvre.
La Commission Israël-Palestine, pour la Coordination nationale de l’UJFP, LE 17 AOÛT 2020
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